Avancées de la lutte antitauromachique, par Estefania Pampin Zuidmeer

Le 14e Sommet du Réseau International Antitauromachie (RIA) s’est tenu à Mexico les 5 et 6 novembre 2022. No Corrida y représentait la France en tant que référent pour ce pays.

Comme à l’accoutumée, la première intervention a été celle de Estefania Pampin Zuidmeer (CAS International) qui a présenté un tour d’horizon des avancées de la lutte antitauromachique dans les huit pays concernés. Les lignes qui suivent reprennent les principaux points qu’elle a mis en avant. Pour l’essentiel, ils ont été déjà publiés sur notre site. Rappelons que CAS est l’un des cofondateurs du RIA.

Impact du Covid-19 sur le secteur taurin

Les corridas prévues en 2020 et 2021 ont été annulées en grande partie en raison de la pandémie. Cela a conduit une partie de élevages taurins à la faillite et, plus généralement, à un effondrement économique du secteur.

Espagne

La ville de Pampelune n’a pas organisé d’encierro pour la première fois depuis 42 ans (2020 et 2021).

Selon le média espagnol El Confidencial, 54 000 emplois ont été impactés par la mise en faillite de 20% des élevages rien qu’en Andalousie. Dans un article du 10 mars 2021, France 24 Espagne a déclaré que la pandémie allait peut-être être fatale à la tauromachie, montrant une photo d’arène vide de spectateurs.

Les arènes de Bilbao en particulier se sont retrouvées quasiment vides lors d’une corrida habituellement importante dans cette ville.

Le nombre de corridas en Espagne connait une baisse de 63% depuis 2007 selon les statistiques officielles.

Le média espagnol El Pais, le plus diffusé en nombre de lecteurs dans le pays, supprime en 2022 la section taurine de son édition imprimée en raison du désintérêt de son lectorat pour ce thème.

La Cour Suprême déclare que le travail d’un torero ne peut pas être considéré comme une oeuvre d’art, suite à la requête du torero Miguel Angel Perea qui souhaitait l’inscription au titre de la propriété intellectuelle de l’une de ses corridas en tant que « oeuvre ». « L’action d’un torero, à partir du moment où le taureau entre dans l’arène jusqu’à ce qu’elle se termine par sa mort, ne peut être enregistrée comme œuvre soumise à la propriété intellectuelle, car il n’est pas possible d’identifier précisément et objectivement en quoi consiste la création artistique originale

Le secteur taurin se retrouve sans aides gouvernementales pour les secteurs culturels touchés par la pandémie Les autres secteurs définis comme culturels reçoivent des aides. Le ministre de la Culture, José Manuel Rodríguez Uribes, a mentionné entre autres le théâtre, la danse, la musique, le cirque, le cinéma et la production audiovisuelle, les librairies et les Beaux-Arts. La tauromachie n’a pas été nommée, tout simplement comme si elle n’existait pas. Le ministre déclare dans une interview qu’il refuse d’encourager les gens à aller voir des corridas.

Il confirme peu après que les corridas ne seront pas couvertes par le « chèque culture » réservés aux jeunes.

Portugal

Le secteur de la tauromachie a perdu la moitié de sa valeur à cause de la pandémie selon l’Institut national des statistiques du Portugal. Sa valeur est maintenant de 2,5 millions d’euros.

La TVA sur les corridas passe de 6% à 23%, ce qui est le taux maximum.

Mexique

Nous reviendrons plus en détails dans un article séparé sur certaines des avancées au Mexique. Pour l’essentiel, citons les faits suivants :

  • Sinaloa a prohibé les corridas (2022). L’avis émis déclare : « La tauromachie porte atteinte aux droits de la société en général, qui doit prêter attention au soin et au respect des animaux. »

  • La Cour Suprême de Mexico a interdit à l’Etat de Nayarit de classer les corridas en tant que patrimoine culturel. Le décret précise : « Nayarit ne peut pas émettre ce type de déclarations sur le patrimoine culturel, car elles dépendent du gouvernement fédéral. »
  • Les corridas ont été suspendues dans la ville de Mexico sur décision du juge fédéral Jonathan Bass, qui se réfère à la Constitution : la tauromachie viole le droit à un environnement sain et sans violence. Ce droit est inscrit dans la Constitution mexicaine. Le juge a souligné : “La société s’intéresse au respect de l’intégrité physique et émotionnelle de tous les animaux car ce sont des êtres vivants qui composent les écosystèmes et, par conséquent, contribuent à des services environnementaux essentiels pour les êtres humains.

Colombie

Le nouveau président élu en Colombie est Gustavo Petro qui affiche ouvertement son engagement en faveur du bien-être animal en général et anticorrida en particulier. Malgré un récent revers à l’Assemblée, où la loi d’abolition a été rejetée à trois voix près, cela ouvre un grand espoir sur une évolution positive pour notre cause dans un avenir proche.

Il a d’ailleurs demandé, alors qu’il était déjà élu mais avant sa prise de fonction officielle, à ce que les corridas soient interdites en Colombie, à l’occasion de l’effondrement d’une arène dans la ville de El Espinal.

L’abolition a le soutien ferme de 40 députés à l’Assemblée selon la coalition Colombia Sin Toreo.

Venezuela

La ville de San Cristobal n’a pas organisé de corridas pour la première fois en un demi-siècle.

Le bureau du procureur vénézuélien Tarek William Saab a interdit une corrida à Maracay car elle est considérée comme un abattage public d’animaux.

France

L’intérêt pour la tauromachie est en baisse constante. Différentes entreprises sollicitées localement pour soutenir financièrement des corridas annoncent leur retrait total de tout soutien à la tauromachie (partenariat No Corrida – Cazarrata). Citons en particulier Mercedes, BMW,  Novotel, la banque Suez, le Crédit Agricole, Axa Groupama et bien d’autres (des articles ont été consacrés sur notre site à chacune de ces annonces).

L’entreprise Pernod Ricard, sponsor de très longue date des corridas en France, annonce son désengagement de ce secteur. Pernod Ricard est la seconde plus grande entreprise au monde à vendre des alcools.

Le 24 novembre 2022, une proposition de loi d’abolition sera débattue et votée à l’Assemblée nationale, pour la première fois de l’histoire de France.

Pérou

Le ministère de la Culture du Pérou met fin en octobre 2022 à diverses festivités cruelles impliquant des taureaux (Jala Toro, Pascua Toro et Velay Toro). Un succès historique dû en grande partie à l’association Lima Antitaurino.

Le ministre de la Culture Alejandro Neyra déclare qu’il est en faveur d’un arrêt des corridas dans les arènes de Acho (Lima), tout comme le souhaite le Conseil municipal de la capitale du Pérou.

La Cour constitutionnelle déclare : « Sauver des vies est bien plus important que de célébrer des spectacles sanglants et cruels avec des animaux. »

Equateur

La loi organique relative au bien-être animal (LOBA) a été conçue à partir de la société civile. Elle a déjà été présentée à l’Assemblée nationale. Si elle était approuvée, les droits de tous les animaux sans exception seraient reconnus et l’abolition de la tauromachie deviendrait inévitable.

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« Tout paraît impossible jusqu’à ce que cela arrive » Nelson Mandela.