La tauromachie dans le mur au Mexique

La tauromachie mexicaine fait face à l’un des défis les plus compliqués de son histoire après la suspension de toutes les ferias et corridas cette année en raison de la pandémie de coronavirus, qui lui a déjà causé des pertes d’environ 125 millions de dollars, selon des rapports récents. Les premières corridas annulées ont été celles d’Aguascalientes, Texcoco et Puebla, auxquelles 70 autres ont été ajoutées.

Octavio Figueroa, président de l’Association mexicaine des entrepreneurs taurins, a expliqué à Efe (agence de presse d’Amérique latine) que pour le moment « la chose la plus importante est d’arrêter la croissance du nombre de personnes infectées, puis les autorités sanitaires décideront de la façon de revenir à une vie normale« . À l’heure actuelle, il s’agit bien d’annulations sans report envisagé.

Pour les éleveurs, la situation est particulièrement difficile car ils sélectionnent les animaux qui seront destinés aux arènes des mois à l’avance. Ceux qui ne vont pas être sélectionnés entre mars et mai sortiront en premier lors de la saison 2021. Les animaux âgés de plus de six ans iront directement à l’abattoir, comme le confirme Jorge Cárdenas, directeur de l’Association nationale des éleveurs de taureaux.

Selon le président de cette organisation, José María Huerta, les agriculteurs se sont plaints auprès du gouvernement du Mexique et du ministère de l’Agriculture de ne pas être inclus dans un plan d’aide économique au secteur de l’élevage de bovins destinés aux corridas. Ce n’est pas la première fois que les éleveurs mexicains sont confrontés à une situation similaire, bien que pas si profonde. En 1947, ils ont souffert des effets de la fièvre aphteuse, et en 2009, du virus de la grippe porcine, ce dernier au milieu de la feria de San Marcos à Aguascalientes.

Environ 83 000 emplois directs et indirects au total seront touchés, à commencer par quelque 140 familles que l’Union mexicaine des picadors et banderilleros aide jusqu’à épuisement de son fonds de réserve.

L’impact de la crise du secteur est international. La saison espagnole tronquée réduit la progression des toreros mexicains et affectera le nombre de corridas dans les années à venir après avoir subi une baisse progressive depuis 2018. Une conséquence possible au Mexique de l’annulation des corridas en Europe est que les toreros espagnols pourraient venir se produire dans des corridas mexicaines jusqu’en février 2021. Deux obstacles viendront s’y opposer : la hausse du dollar par rapport au peso mexicain et le quota qui oblige les entreprises mexicaines à former des cartels avec au moins 50% de toreros mexicains.

Source (en espagnol) : El Pais
Adaptation en français : RL