Le 22 novembre dernier, le Midi Libre nous a appris qu’à compter du 1er janvier 2021, Robert Margé passera la main quant à l’organisation des séances de torture bovine au sein des arènes de Béziers. Ce n’est pas moins de trois personnes qui lui succèderont, via une société baptisée Betarra.
Pour l’anecdote, le Midi Libre nous indique que ce nom signifie Béziers en gréco-latin. Raccourci plus que rapide puisque le nom latin de Béziers est précisément Baeterrae, qui est devenu par la suite Beterra sous l’ère gallo-romaine (information relayée en 2013 par… le Midi Libre). De l’aveu même de l’un des protagonistes que nous allons évoquer juste après, cette modification orthographique a pour but d’hispaniser le nom de la société.
Car il ne faudrait surtout pas faire référence à l’origine des véritables arènes romaines de Béziers datant du premier siècle (et donc n’ayant absolument rien à voir avec la corrida) mais bien tenter de légitimer cet autre lieu également baptisé « arènes », construit en 1897 et qui résulte de l’importation d’une pratique barbare espagnole pas du tout ancrée dans la culture historique locale et tenue en toute illégalité pendant plus d’un demi-siècle.
Mais revenons à nos nouveaux actionnaires locaux qui sont loin d’être des inconnus.
Le trio de choc
Le premier se dénomme Sébastien Castella, qui est considéré par le milieu tauromachique comme l’un des plus grands tortionnaires de sa génération. Le deuxième n’est plus à présenter puisqu’il s’agit de Simon Casas, déjà directeur des arènes de Nîmes et de Madrid. Le petit dernier n’est autre qu’Olivier Margé, qui succède donc à son papa et qui va devenir le directeur général des arènes de Béziers. Ce qui lui fait confier au Midi Libre : « Je suis comme un lion en cage ».
Olivier Margé veut-il indiquer, par cette affirmation, qu’il se trouve dans un état de tristesse, d’angoisse et de dépression nerveuse avancé ? C’est en effet l’état psychologique dans lequel se trouve un véritable lion emprisonné, que ce soit dans un zoo ou un cirque.
Si tel est le cas, nous tenons à le rassurer immédiatement. En effet, il peut compter sur deux associés qui ne manquent pas de qualités. La première d’entre elles est très certainement cette santé mentale irréprochable : l’un a pris un plaisir immense à torturer à l’arme blanche des centaines d’herbivores pendant vingt ans, tandis que l’autre avoue être pris, au regard de ce spectacle sanglant, d’érections incontrôlables.
Et si son inquiétude est celle de l’entrepreneur novice qui a peur de rater ses débuts, là encore aucun problème : le grand gestionnaire Simon Casas saura lui prodiguer les conseils nécessaires pour soigner la trésorerie de la société en pratiquant la traditionnelle fraude à la TVA qui lui a permis par le passé de gruger temporairement le fisc à hauteur de 2 millions d’euros, ou pour s’asseoir tout simplement sur les obligations légales incombant aux sociétés en vertu du Code de commerce.
Et Papa Margé dans tout cela ?
Nous avions quitté Robert Margé dans une position délicate : à l’image de l’un des nouveaux associés de son fils, il s’était vu redresser les 800 000 € de TVA qu’il avait illégalement conservés. Les effets du redressement fiscal ne s’étaient pas fait attendre et sa société s’était immédiatement retrouvée en procédure de sauvegarde.
À l’époque, nous nous étonnions, au regard du passif accumulé, que le juge en charge du dossier accordait une poursuite d’activité avec un plan de remboursement échelonné. Depuis, Robert Margé a pris soin de ne pas déposer, sans être inquiété par le greffe du tribunal de commerce, les comptes annuels du dernier exercice de son entreprise, clôturés voilà plus d’un an (le 31 août 2019). Cette attitude laisse à penser qu’il aurait bien envie d’appliquer ce que l’on pourrait appeler la jurisprudence Jalabert.
En effet, à Arles, la société organisatrice des corridas dirigée par Luc Jalabert, plombée également par un redressement fiscal relatif à la TVA, a tout bonnement joué la stratégie de la liquidation judiciaire débouchant sur le non-paiement des nombreuses dettes accumulées. Une société dont le successeur choisi par la mairie arlésienne ne fut autre que la société… des enfants Jalabert, alors même qu’elle n’avait pas encore d’existence juridique.
Et si nous nous trompions ?
Faisons preuve d’humilité et avouons que nous sommes certainement en train de nous planter royalement dans l’interprétation des propos d’Olivier Margé. À notre décharge, il est difficile de cerner ce qui se passe dans la tête des amateurs de barbarie des arènes qui sont nombreux à considérer le taureau, herbivore paisible, comme un fauve. Donc, si ça se trouve, pour Olivier Margé, l’image du lion en cage est synonyme de sérénité et d’apaisement.
L’avenir de la société Betarra (qui signifie donc Béziers en hispano-aficio-gréco-latin) nous en apprendra plus… ou pas, selon le degré d’impunité dont elle pourra à son tour bénéficier.
David Joly
Trésorier No Corrida et FLAC