L’Association des vétérinaires abolitionnistes de la tauromachie et de la maltraitance animale (AVATMA) a publié un rapport sur les subventions que le secteur taurin espagnol a reçu grâce à la politique agricole commune (PAC). Le total calculé est vraisemblablement plus élevé car les données entre 2014-2017 sont manquantes.
Jusqu’à 50% du revenu des ganaderias
Depuis 2002, le secteur taurin espagnol, principalement les élevages de taureaux vendus ou loués pour les fêtes taurines, a reçu des subventions européennes pour un total d’au moins 430 millions d’euros. Les données ont été collectées sur les sites officiels du ministère de la Culture. Les subventions européennes ont bénéficié à environ 600 entreprises d’élevage dédiées à des élevage de cette nature. De l’argent qui, dans certains cas, représente jusqu’à 50% du revenu total que ces entreprises agricoles ont reçu depuis 2002.
Les 430 millions mentionnés dans le rapport d’AVATMA ont été reçus par les différentes entreprises du secteur à des périodes spécifiques : les années 2002-2013 et les années 2018-2019. Il est précisé qu’il n’y a pas eu de données disponibles pour la période 2014-2017. En outre, le rapport met en évidence un manque de concordance entre les données présentées par le ministère de l’Agriculture et le ministère de la Culture en ce qui concerne le nombre d’entreprises d’élevage dédiées à la tauromachie, ce qui rend difficile de connaître la somme réelle de subventions que la PAC a accordé au secteur.
Certains élevages touchent beaucoup plus que d’autres
Tous les élevages (ganaderias) n’ont pas reçu le même montant d’argent. Ainsi, au moins 276 entreprises du secteur ont bénéficié d’aides comprises entre 50 000 et 500 000 euros au cours des années analysées. 85 autres entreprises auraient reçu des subventions comprises entre 500 000 euros et 1 million d’euros. 121 autres ont reçu entre 1 et 4 millions d’euros. Enfin, neuf ont reçu des montants compris entre 4 et 6,5 millions d’euros.
Ainsi, le rapport met en évidence les subventions de 1,2 million d’euros reçues le ranch El Tajo, propriété du torero José Miguel Arroyo Delgado, dit Joselito, et le ranch El Freixo, propriété du torero Julián López Escobar, alias El Juli. Le même montant d’aide a été versé au président de la Fondation Toro de Lidia, Victorino Martín. De son côté, l’ancien torero Juan Antonio Ruiz Román, dit Espartaco, a reçu au total 3,5 millions d’aides sous forme de subventions, toujours au titre de la PAC.
« Tous les montants mentionnés ne sont pas directement attribués à des élevages de bovins destinés aux corridas, mais ils ont été perçus par des responsables qui dirigent ce type d’élevages parmi d’autres activités », précise le rapport.
Les subventions perçues par le secteur de la tauromachie se font au détriment d’autres pratiques agricoles. L’organisation vétérinaire dénonce que de nombreuses cultures traditionnelles disparaissent ou sont en recul par les propriétaires qui décident d’allouer le plus possible d’espace pour l’élevage des animaux destinés aux arènes. « Cela contredit la croyance que, sans ces taureaux, les surfaces sur lesquelles ils sont exploités disparaîtraient », explique José Enrique Zaldívar, président d’AVATMA.
La fin des aides européennes ?
Le flux d’argent de la PAC qui parvient aux troupeaux destinés aux corridas est cependant de plus en plus remis en question. À tel point que le Parlement européen a voté en faveur d’un amendement visant à supprimer les aides destinées à l’élevage de « têtes de bétail dont la destination finale est la vente pour des activités liées à la tauromachie, qu’elles soient vendues directement ou par des intermédiaires ».
La position majoritaire du Parlement européen de supprimer de telles subventions arrive à un moment décisif, alors que l’Union européenne débat des critères de la nouvelle politique agricole commune. S’il est vrai que le vote en faveur de l’amendement en question est un grand pas vers l’élimination des aides à la tauromachie, le vote doit encore être ratifié par le Conseil européen et la Commission, dont les positions seront essentielles pour que le financement direct de la tauromachie soit finalement éliminé via la PAC.
La tauromachie en déclin
Les subventions à la tauromachie – que ce soit via des financements européens ou des aides nationales et régionales – n’ont pas empêché le secteur de connaître un déclin continu. Les dernières données publiées par le ministère de la Culture montrent que le nombre de spectacles tauromachiques diminue à un rythme vertigineux, avec une baisse du nombre de spectacles taurins de 6,3% entre 2018 et 2019, et de 61% depuis 2007, date du début de la série historique.
Les corridas, principale forme de spectacles cruels au détriment des taureaux, reflètent parfaitement la tendance négative vécue par le secteur, avec une baisse de 5,4% entre 2018 et 2019, et une baisse de 73% par rapport à 2007.
Il en va de même avec d’autres formes de violence envers les taureaux comme les novilladas, qui sont passées de 484 à 456 au cours de l’année dernière et ont subi une baisse de 64,9% par rapport aux chiffres de 2007. Quant aux becerradas, avec des taureaux âgés d’un an ou moins, elles sont également en recul, avec une baisse de 10% l’année dernière et de 70,4% depuis 2007.
Source : Publico (en espagnol)
Adaptation en français : RL