Rapport de la Cour régionale des comptes sur les corridas à Nîmes

Un rapport de la Cour régionale des comptes a été rendu public le 6 mars 2025, au sujet des corridas à Nîmes, plus spécifiquement sur le soutien public à la corrida dans cette ville. Il confirme dans ses conclusions des éléments importants que nous répétons depuis plusieurs années.

Trois points nous ont paru importants :

Les corridas sont systématiquement déficitaires

La ville a fait le choix de confier, par délégation de service public, l’organisation de manifestations tauromachiques à SCP France (Simon Casas Production), qui assume le risque d’exploitation.

Les contrats successifs apparaissent très protecteurs des intérêts de la commune : les sujétions de service public sont importantes et croissantes sur la période et la commune perçoit de son exploitant une redevance qui s’est élevée au total, sur la période 2019-2023, à 601 k€. Ce montant couvre largement les dépenses municipales consacrées à l’organisation des spectacles tauromachiques (266 k€ sur la période) et à la promotion de la tauromachie (198 k€).

Sur la période 2019-2023, les résultats du délégataire sont déficitaires.

La question que l’on peut se poser est : comment fait Casas pour continuer s’il est déficitaire tous les ans ? Il retombe sur ses pieds avec les corridas qu’il organise en Espagne ?

Les férias ne dépendent pas des corridas

Les férias ont attiré 1,9 millions de visiteurs en 2023 tandis que dans le même temps 100 000 personnes ont assisté à un spectacle tauromachique dans les arènes. Les férias sont parvenues à rassembler un public large parfois très éloigné du public d’« aficionados » tant et si bien que leur succès est de moins en moins lié à l’organisation de la corrida.

Les retombées touristiques et économiques des férias sont importantes pour le territoire, en matière d’hébergement, de restauration et de consommation. Cependant, les retombées attachées spécifiquement à la corrida ne peuvent être évaluées.

Autrement dit, 95% des personnes qui viennent à Nîmes pendant les férias n’assistent pas aux corridas. De plus, il s’agit d’une population qui, en plus de s’amuser dans les rues sans passer par les arènes, visitent la ville et font tourner son commerce et ses capacités d’hébergement. Le jour où les corridas disparaîtront, il y aura exactement la même affluence aux férias. Ce sont les corridas qui dépendent en partie des férias et pas l’inverse.

Le désintérêt du public pour les corridas se confirme

La remarque a été faite par le Midi Libre : même en baissant le prix des places à la demande de la Mairie, la fréquentation n’a pas augmenté. Ce qui confirme la désaffection du public.

La Cour des Comptes relève qu’aucun effet de la modification tarifaire sur le nombre de spectateurs n’a été montré : la baisse des tarifs appliquée entre 2019 et 2021 n’a pas amené plus de spectateurs. « La situation bilancielle de la société soulève ainsi la question de sa pérennité ».