Corridas à Madrid-Cundinamarca (Colombie) : un spectacle qui défie la jurisprudence constitutionnelle

AnimaNaturalis dénonce l’illégalité de la corrida prévue le 15 mars à Puente Piedra, où il n’existe aucune tradition taurine antérieure à la sentence C-666 de 2010.

L’organisation de défense des droits des animaux AnimaNaturalis a déposé une pétition auprès de la mairie de Madrid, Cundinamarca, remettant en cause la légalité de la corrida prévue le 15 mars aux arènes de Puente Piedra. Le document, présenté le 6 mars 2025, expose une série d’irrégularités qui démontrent le non-respect des exigences légales établies par la Cour constitutionnelle pour la tenue de spectacles taurins en Colombie.

« Une oasis artificielle » pour la tauromachie à Bogotá

L’un des points centraux de la pétition est que Madrid-Cundinamarca n’avait pas d’arènes ni de tradition taurine lorsque la sentence C-666 de 2010 a été émise, qui établissait des conditions strictes pour la réalisation de spectacles avec des animaux. Les arènes de Puente Piedra, situées dans le Centre d’Événements du Maroc, ont été inaugurées en 2013, trois ans après la décision constitutionnelle.

« Ce que nous voyons à Madrid-Cundinamarca est un exemple clair de la manière dont ils tentent de contourner la jurisprudence constitutionnelle », affirme Derly Johana Florez, directrice d’AnimaNaturalis Colombie. « La Cour a été très claire en établissant que les corridas ne peuvent avoir lieu que là où il existe une tradition régulière, périodique et ininterrompue, ce qui n’est tout simplement pas le cas dans cette municipalité. »

La pétition inclut des déclarations de Gonzalo Sanz de Santamaría lui-même, représentant de Ganadería Mondoñedo, qui a admis publiquement en mars 2022 : « Les corridas qui ont eu lieu ont eu lieu à la périphérie de Bogotá, dans une ville voisine appelée Puente Piedra, où depuis plusieurs années nous avons une oasis ou un refuge pour donner des corridas aux supporters de Bogotá chaque fois qu’arrive un dirigeant qui veut nous empêcher de donner des corridas sur la Plaza de Santamaría.

Sans périodicité ni tradition ininterrompue

Selon les informations fournies par la Mairie de Madrid elle-même en réponse à un précédent droit de pétition, entre 2013 et 2022, des événements taurins ont eu lieu dans des mois aussi divers que janvier, février, avril, août et décembre, sans suivre un modèle établi. De plus, aucun événement taurin n’a été signalé en 2016, ce qui contrevient à l’exigence de « tradition ininterrompue » exigée par la Cour constitutionnelle.

La sentence C-666 de 2010 établit clairement que les corridas « ne peuvent être célébrées que dans les communes où elles constituent une manifestation d’une tradition régulière, périodique et ininterrompue » et « ne peuvent être célébrées qu’aux occasions où elles ont habituellement lieu ». Le document présenté par AnimaNaturalis démontre que Madrid-Cundinamarca ne remplit aucune de ces conditions.

« Nous ne pouvons pas permettre que le cadre juridique colombien continue d’être violé pour satisfaire des intérêts particuliers », affirme Florez. « La jurisprudence établit qu’il ne peut s’agir d’une activité dénuée de racines culturelles auprès de la population majoritaire de la municipalité. Il est clair que ces corridas sont destinées aux supporters de Bogota, et non à une prétendue tradition madrilène. »

Une tendance nationale vers l’abolition

Le droit de pétition fait également référence à la récente loi 2385 de 2024, qui interdit la tauromachie en Colombie à partir de 2027, reflétant une évolution de la conscience nationale sur la maltraitance animale. Toutefois, jusqu’à l’entrée en vigueur de cette loi, les conditions établies par la Cour constitutionnelle restent obligatoires.

Outre les exigences de tradition et d’enracinement culturel, la pétition rappelle que le jugement C-889 de 2012 habilite les autorités locales à « exercer un contrôle permanent sur le spectacle, de sorte que, bien qu’ayant été initialement autorisé, si des actes ou des omissions sont évidents qui constituent un non-respect des exigences susmentionnées, l’administration municipale ou de district peut suspendre l’activité taurine en raison de la violation de l’ordre juridique applicable ».

Par le biais du droit de pétition, AnimaNaturalis demande des copies des demandes que les organisateurs ont présentées à la Mairie, l’autorisation du spectacle, le permis de construction et d’exploitation de la place, et la confirmation que les décisions C-666 de 2010 et C-889 de 2012 ont été prises en compte pour autoriser l’événement.

Les promoteurs vendent déjà des billets pour l’événement via la plateforme Tuboleta sous le nom de « Toros por Bogotá : Hoy y Siempre 2025 », ce qui renforce l’argument selon lequel ces corridas s’adressent au public de Bogotá et ne répondent pas à une tradition locale.

AnimaNaturalis appelle les citoyens à rester informés sur cette situation et à soutenir les actions en justice qui visent à faire respecter la jurisprudence constitutionnelle en matière de protection animale. Si vous souhaitez soutenir cette cause, vous pouvez signer la pétition sur le site web d’AnimaNaturalis et partager cette information pour sensibiliser à l’importance de respecter le cadre juridique qui régit les expositions d’animaux en Colombie.

Source : AnimaNaturalis