Violence contre les animaux, violence contre les humains (témoignage)

La loi est-elle respectée en terre taurine ?

Aujourd’hui 3 avril 2024, j’ai subi une deuxième opération à l’épaule. La première, il y a 9 ans, faisait suite à l’agression subie en juillet 2014, alors qu’avec deux amies anticorrida, je tractais à 1 km du Domaine Paul Ricard de Méjanes, au bord de la route, sur la voie publique.

Une amie aura un orteil cassé, une jeune femme se fera plaquer contre une voiture par XXX, à demi étranglée et à la limite de l’agression sexuelle. Et moi, mon épaule n’appréciera pas la réception de mon corps soulevé par deux gardians costauds et projeté en force sur la route : rupture de la coiffe de l’épaule et de deux tendons.

En effet, prévenus par YYY, éleveur bien connu de taureaux de corrida, qui apporte les taureaux de différents élevages à des arènes et nous avait fait des doigts d’honneur en passant devant nous, les hommes de la manade, une dizaine, dont paraît-il le responsable et son fils – cela me sera précisé ultérieurement – sous l’emprise du « jaune » (le Ricard) se précipiteront sur nous.

Ils seront stoppés deux minutes après par l’équipe de sécurité qui les avait poursuivis, car inquiets de leur départ en trombe, puis par les gendarmes, prévenus par cette équipe peut-être.

Ces gendarmes d’Arles et des Saintes Maries en laisseront échapper plusieurs, alcoolisés, à deux ou trois sur les mobylettes, sans casque ou en voitures et prendront une ou deux identités seulement. Les seules identités qu’ils relèveront très sérieusement seront les nôtres, puis ils laisseront tout le monde repartir toujours alcoolisés, toujours à deux ou trois sur les mobylettes, sans casque ou en voitures.

Le responsable de l’équipe de sécurité s’excusera auprès de moi de ne pas être arrivé à temps. Des gendarmes nous feront des leçons de morale « mais enfin, il n’y a qu’une corrida par an« , « mais il ne faut pas être si peu« , « il faut déclarer vos actions« , « je pourrais vous arrêter pour obstruction à la circulation« …

Bêtement, je leur ferai confiance et ne relèverai pas les coordonnées des témoins.

A la gendarmerie des Saintes Maries de la Mer, on refusera de prendre nos plaintes, ce qui est illégal. Nous les déposerons ailleurs avec certificats médicaux. Bêtement confiance, car quand l’avocate Hélène Thouy obtiendra enfin, plusieurs mois après, le procès-verbal de la gendarmerie, je bondirai à celle d’Arles, y ferai un tel scandale que le commandant descendra de son bureau du deuxième étage et me recevra.

D’ailleurs, celui qui m’aura fait entrer, était présent lors de l’agression. Il n’ouvrira pas la bouche alors que je l’interpellerai devant tout le monde. Le commandant sera désolé mais ne « pourra rien faire » car nous avions « adressé nos plaintes au procureur« . D’autre part, ce n’était pas lui à l’époque, patati patata.

Nulle part, il ne sera fait mention d’agression, alors qu’un gendarme m’aura aidé à me relever, à retrouver mes lunettes de soleil perdues sur l’accotement, obligé un gardian à me rendre mon smartphone qu’à deux ils m’avaient arraché en me tordant la main. Un seul nom apparaîtra et c’était seulement une « altercation » ! A croire que nous nous étions blessées seules.

Hélène me dira qu’un procès serait peine perdue, vu qu’il n’y avait aucun témoignage. Une responsable de Ricard à Marseille me présentera ses excuses. L’IGGN à Paris, avec qui je m’entretiendrai une demi-heure, se dira désolée. Pourtant, je qualifierai ce procès-verbal de mensonger.

Un entrefilet paraîtra dans La Provence et les afiocs nous traiteront de menteuses, de mythomanes.

Ma première opération m’aura soulagée 9 ans, mais maintenant une prothèse s’impose. L’opération a eu lieu le 3 avril 2024.

Pour info, la manade est toujours dirigée par les mêmes personnes. Le domaine appartient à Michelle Ricard, fille de son père, qui leur fait confiance et les félicite de leur bon travail. En juillet, cette manade de bious (taureaux Camargue), organisera une fois de plus une corrida de rejon, ce que nous dénoncions à l’époque.

Dominique Arizmendi