L’enfumage sur l’écosystème camarguais

L’aficion, la Reine d’Arles, le Maire d’Arles, le Député, le Président de Région, etc., etc. dans leur campagne de défense de la corrida nous affirment à longueur de discours depuis 3 ans que l’écosystème, la biodiversité camarguaises reposent sur le taureau.

Né en Espagne, massacré en France

Leurs propos ont changé. Auparavant, ils portaient uniquement sur la confusion volontaire et manipulatrice entre feria et corrida, alors que divers sondages montrent que 96 % des visiteurs de ferias ne vont pas à la corrida et que, selon des études sérieuses, il est tout à fait envisageable que les ferias puissent attirer autant de visiteurs si le côté festif est conservé, si des événements comme des courses landaises, camarguaises, des lâchers de taureaux sont toujours organisés. Les mêmes enquêtes montrent que les corridas ne représentent plus que 7,7% des courses de taureaux organisées, très loin derrière les courses populaires vraiment locales (landaises, camarguaises, abrivados, lâchers de taureaux, etc…)

Mais revenons à la biodiversité tant mise en avant par les aficionados. D’abord, soyons sérieux… le taureau en Camargue, c’est le BIOU, le taureau Camargue, destiné à la Course Camarguaise, quatre fois plus nombreux que le taureau dit brave, destiné à la corrida. Et répétons au passage que « brave » n’a aucun sens, il s’agit d’une mauvaise traduction du mot espagnol bravo qui signifie sauvage, or les taureaux n’ont rien de sauvages puisqu’ils proviennent tous d’élevages après de multiples croisements génétiques qui n’ont absolument rien de naturel.

Ensuite, on peut se poser la question suivante : pourquoi, puisque le taureau dit brave, dit de « combat », dit de « lidia », qui apporte tant économiquement et écologiquement parlant à cette région d’après eux, n’est pas plus présent aux corridas des deux arènes de 1ère catégorie les plus proches, Arles et Nîmes, à Pâques et Pentecôte ?

Regardons les cartels des toros (en français, l’affiche des taureaux) d’Arles : 34 victimes – 24/24 taureaux viennent d’Espagne + 6 taurillons d’Espagne + 4 taurillons de France. Ce qui fait 100% des taureaux qui viennent d’Espagne.

Les cartels de Nîmes : 40 victimes – 24/30 taureaux viennent d’Espagne + 6 de France + 6 taurillons d’Espagne + 4 veaux de France. Soit 80% des taureaux qui viennent d’Espagne.

En quoi cette écrasante majorité de taureaux venus d’Espagne améliore t’elle la biodiversité camarguaise ? En rien. Un enfumage de plus.

Dominique Arizmendi