Collusion des tauromachies, le lobby français de la corrida espagnole augmente son emprise

Dans l’article qui suit, les passages en italiques sont des extraits d’un article de La Provence du 28 janvier 2024, le reste étant constitué de nos commentaires. L’article portait sur la congrès de l’Union des clubs taurins de France (UCTF) qui s’est tenu le 27 janvier, en présence de plusieurs centaines d’aficionados et afeciouna (l’équivalent pour les bouvines).

L’UCTF est présidée depuis un peu plus de deux ans par Gérard Suberchicot (venu des courses landaises). Suite à la fermeture de la structure Paul Ricard, cette prétendue union des trois tauromachies a été créée en 2020 par la tauromachie espagnole en France, vu qu’elle dégringolait de plus en plus, comme dans tous les pays (voir par exemple le Portugal). Les deux autres, la landaise et la camarguaise se sont fait avoir, comme d’habitude…

En 2023, Suberchicot avait déclaré : « C’est ça la vocation de l’UCTF : fédérer toutes les tauromachies et en être les ambassadeurs. Ancrer l’UCTF à Arles, parce qu’Arles est à la croisée des cultures taurines. C’est la Rome taurine, la référence. Et puis, la Ville d’Arles et son maire Patrick de Carolis nous soutiennent, nous y sommes sensibles. Venir ici, c’est donc la marque d’une confiance réciproque. C’est un signe fort. »

Ca, on s’en serait doutés !

Suberchicot a tenu à saluer tous les acteurs du monde taurin engagés pour la tradition : « Merci à tous les manadiers, ganaderos, gardians, écarteurs, sauteurs et toreros« .

Dans la capitale de la course camarguaise, il oublie de saluer les razeteurs et tourneurs. C’est dire à quel point il s’en fout.

« Emmanuel Lescot, manadier et conseiller municipal d’Arles délégué à la tauromachie, a lui aussi insisté sur la nécessité de défendre ce qui unit le grand sud de la France : la passion taurine, qu’elle soit pour la corrida, la course landaise ou la course camarguaise« .

Ben voyons…

Pour son dernier discours dans ce congrès en tant que Reine d’Arles, Camille Hoteman a fait le vœu de « rendre immuable notre identité taurine« . Grande aficionada, elle est en position éligible sur la liste de l’Alliance Rurale menée par Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs pour les européennes. Elle s’engage en politique pour « défendre une certaine idée de la campagne, sans la dresser contre la ville« . Ce qu’elle entend par là, c’est « défendre des valeurs rurales comme la chasse, la pêche, les tauromachies, l’agriculture, etc. ». On ne peut pas faire plus racoleur.

Elle ajoute : « Je ne suis pas dans l’opposition mais dans la tolérance. J’entends que des gens soient animalistes ou vegans, je respecte leur point de vue, mais je ne veux pas qu’on me les impose. »

Son discours est bien plus pacifique qu’à la manifestation de Montpellier !

« Petite-fille d’un gardian de la manade Chauvet du côté maternel, biberonnée à la tauromachie espagnole du côté paternel, Camille Hoteman compte bien défendre, au côté notamment de l’éleveur Robert Margé entre autres, les traditions taurines à Strasbourg si elle est élue. »

Avec Margé comme conseiller, aucun doute que la seule chose qui l’intéresse, c’est la corrida pure et dure. Elle a été repérée par Willy Shraen  à l’occasion de la manifestation de Montpellier du 11 février 2023 organisée en réaction à la tentative d’Aymeric Caron de faire abolir la corrida, lors de sa prise de parole.

Instructif : dans l’article de La Provence, deux paragraphes sur la corrida et PAS UNE LIGNE sur la course camarguaise alors que ce congrès s’est déroulé à Arles, en pleine Camargue. Eh oui, la bouvine continue à se faire avoir dans cette grande opération de collusion purement opportuniste, ce n’est pas faute de le leur dire depuis des années !

Le seul but de cette opération cousue de fil blanc est de sauver la corrida espagnole qui se porte de plus en plus mal comme le montrent tous les chiffres. Mais rien n’y fera : la corrida espagnole est… espagnole. Pas française, pas même camarguaise ou landaise. Et sa disparition se produira tôt ou tard (on préfèrerait tôt).

Dominique Arizmendi