Voilà quelques jours, nous vous révélions l’exploit financier de Simon Casas issu des derniers comptes déposés par sa nouvelle société : SCP France. 2,2 millions d’euros de perte : c’est ce que les adeptes de la torture-spectacle appellent un moteur de l’économie locale… « On ne peut pas faire une généralité avec un seul exemple » rétorqueront les mêmes défenseurs de la corrida.
Et ils ont raison. C’est pourquoi nous avons jeté un coup d’œil à ce qui s’est passé dernièrement à Béziers et à Arles. Et nous n’avons pas été déçus.
Béziers : les bons conseils du sieur Casas
À Béziers, durant de nombreuses années, l’organisation des séances de torture a été confiée à Robert Margé, par l’entremise de sa société Plateau de Valras. Après avoir pris un bouillon financier, suite notamment à des redressements de TVA, cette société avait été placée en procédure de sauvegarde. À la limite de la cessation de paiement, miracle : l’année suivante, elle change la date de clôture de son exercice (amputant ce dernier de 4 mois) et sort un bénéfice de quasiment un demi-million d’euros.
Qu’est-ce qui explique ce rebond économique ? Aucune idée puisque les comptes ont été déposés de manière partielle. La tendance s’est-elle confirmée par la suite ? Là encore, interrogation totale puisque la société ne dépose plus ses comptes depuis 2019 sans sanction aucune de la part du tribunal de commerce.
Nous avons quand même une petite idée puisque la liquidation judiciaire de la société a été engagée le 13 janvier 2021 et s’est clôturée le 9 février 2022. Bye bye, donc, Robert Margé… et bienvenue à Olivier Margé, le fiston qui, à l’époque, se disait être comme un lion en cage.
Un an après son intronisation, le lion a dû voir ses ardeurs plus que refroidies : sa société, la SAS Betarra, a clôturé son premier exercice en affichant une belle perte de 91 000 €. Elle doit faire face à un endettement global de 173 000 € que la trésorerie disponible (41 000 €) et les créances à encaisser (20 000 €) réunies ne sont pas capables de couvrir.
Reconnaissons-lui au moins qu’il ne s’en sort pas si mal : en effet, ayant bénéficié des conseils et des talents de gestionnaire de son associé, un certain Simon Casas, au vu de ce qui se passe à Nîmes, le désastre aurait pu être beaucoup plus important !
Arles : pas mieux !
Ici aussi nous avons affaire à une histoire de famille.
Après que le père ait provoqué la liquidation judiciaire de sa société (décidément ! en voilà une réelle tradition locale ininterrompue !), place aux enfants Jalabert.
Qui débutaient leur carrière d’organisateurs de corridas sur les chapeaux de roue puisque leur société, la SAS Ludi Arles Organisation, se voyait attribuer la délégation de service public arlésienne alors qu’elle n’avait pas encore d’existence juridique. Une tambouille avec les élus locaux aficionados non sanctionnée en 2015, qui ont de nouveau tenté de contourner la loi en 2019, avec moins de succès cette fois-là.
Côté performances économiques, la société des enfants Jalabert affichait un confortable bénéfice de 65 000 € dès son premier exercice. Une véritable démonstration au paternel qui, lui, enfilait les pertes comme des perles depuis des années. Cependant, la suite a été moins glorieuse : une perte de 18 000 € en 2018, un tout petit bénéfice de 4 000 € en 2019, suivi d’une perte de 89 000 € en 2020.
Et puis 2021, miracle : de nouveau un bénéfice de 64 000 €. La performance en 2015 avait déjà interpelé puisque réalisée avec 23 % de chiffre d’affaires en moins comparativement aux comptes de la SAS Jalabert Frères. Mais que dire du bénéfice 2021 ? L’un des meilleurs de toute l’existence de cette société alors que, comme le souligne l’annexe des comptes, l’évènement principal générateur de chiffre d’affaires, à savoir la Féria de Pâques, a purement et simplement été annulé.
Nous aurions pu éventuellement le savoir via son compte de résultat mais les dirigeants de la société ont demandé au greffe du tribunal de commerce d’appliquer pour ce dernier la confidentialité que la loi permet.
C’est fou comme ces grands businessmen de la barbarie des arènes sont enclins à crier sur tous les toits que la corrida est une activité économiquement vitale pour le territoire mais deviennent d’une pudeur inégalable lorsqu’il s’agit d’afficher la preuve de leurs arguments. Des ressources financières à caractère public à dissimuler peut-être ?
Nous disposons tout de même d’une piste qui explique la performance financière de 2021 : l’annexe nous apprend qu’elle a pu être réalisée (défense de rire) grâce « au dossier monté par la direction, la persévérance, la farouche envie que la tauromachie espagnole reprenne ses droits, tout cela combiné au travail et au soutien apportées par la sous-préfecture d’Arles, la préfecture de Région, ainsi que le ministère. »
Une fois cette logorrhée passée, nous apprenons surtout que la société a perçu pas moins de 194 000 € de fonds de solidarité au titre de l’année 2021. Traduction : une aide publique de presque 200 000 € face à laquelle il n’y avait aucune dépense à engager en raison de l’annulation des manifestations habituelles. Sans cette injection d’argent public à très haute dose, la société Ludi Arles Organisation aurait présenté un nouveau naufrage financier de 129 000 €.
Voilà qui correspond mieux à la réalité.
Nous pourrions en rire si toute cette tambouille n’était synonyme de poursuite de torture de bovins et de gaspillage d’argent public.
Nîmes, Béziers, Arles : même désastre éthique, même scandale économique.
David Joly
Trésorier Flac et No Corrida