Il existe de multiples raisons de vouloir mettre fin à la corrida et de multiples façons d’y parvenir – politiques, judiciaires, financières, fiscales, médiatiques… Au Mexique, la stratégie retenue par AnimaNaturalis et tout particulièrement son directeur Arturo Berlinga – par ailleurs juriste – est d’utiliser toutes les défaillances juridiques possibles qui conduiraient à sa disparition. Nous avons eu l’occasion d’en parler en détails dans plusieurs articles à l’occasion de la suspension des corridas dans les arènes de Mexico par le juge fédéral Bass (voir en particulier notre article de synthèse publié dans le magazine n° 8 de Savoir Animal).
Un nouvel axe est actuellement utilisé dans ce cadre. Il est basé sur le fait que les taureaux tués lors de corridas sont ensuite destinés à la consommation humaine. Or, les méthodes de mise à mort d’animaux sont strictement encadrées au Mexique et il n’existe aucune exception, pas même pour les corridas lors desquelles les taureaux sont traités de façon particulièrement cruelle puis achevés, au mépris total de toutes les réglementations sanitaires en vigueur.
L’activité des matadors est totalement illégale sur tout le territoire national du Mexique, puisque ladite activité est contraire d’un point de vue sanitaire à ce qui est établi dans les articles 19, 20 et 23 de la loi fédérale sur la santé animale, ainsi qu’à la norme officielle sanitaire mexicaine Nom-033-Zagzoo-2014, concernant les méthodes de mise à mort des animaux domestiques et sauvages, dont les taureaux dits de combat ne sont pas exemptés. Les deux dispositions sont obligatoires pour les autorités fédérales, étatiques et municipales.
Au mois de septembre dernier, AnimaNaturalis Mexique a présenté une lettre demandant aux directions générales de la santé animale et légale d’effectuer des visites de vérification à divers événements taurins dans différents États de la république, demandant également qu’ils soient sanctionnés sur la base de l’article 169, alinéas B et C du la loi fédérale de santé animale. Or, ils n’ont pas répondu, ignorant leur obligation d’agir selon leurs attributions, ce qu’AnimaNaturalis a également dénoncé devant le contrôleur compétent. En cas de non-respect, des poursuites judiciaires vont être engagées.
Le 14e Sommet du Réseau International Antitauromachie a eu lieu les 5 et 6 novembre à Mexico (des comptes-rendus spécifiques suivront prochainement), ce qui a permis à plusieurs organisations de divers pays, dont No Corrida, de participer à une action de terrain organisée le 7 novembre par AnimaNaturalis sur la base du raisonnement décrit plus haut.
L’action s’est déroulée à Mexico, devant les bureaux de la SENASICA (santé, sécurité et qualité alimentaire), un organisme dépendant du Secrétariat de l’agriculture et du développement rural, pour dénoncer son autorisation implicite de spectacles taurins, ainsi que toute absence de sanction relative à ces spectacles.
L’ensemble a été filmé par des journalistes de Televisa, la principale chaîne de télévision du Mexique. Le reportage a été diffusé dans la soirée.
Leonora Esquivel, fondatrice d’AnimaNaturalis et présente sur l’action, nous a demandé de nous tenir en première ligne avec la plus grande banderole aux côtés de nos amis de CAS et de Lima Antitaurino.
Au bout d’une trentaine de minutes, Arturo Berlinga et Marius Kolff (directeur de CAS International, cofondateur du RIA) ont été appelés avec deux autres militants par la direction de Senasica pour échanger les points de vue de chacun.
Après la réunion, Arturo nous a déclaré : « Le directeur général de Senasica n’a pas eu d’arguments à opposer aux nôtres. Nous demandons simplement que la loi soit respectée et donc, que la tauromachie soit sanctionnée. Le directeur a reconnu que, juridiquement, les corridas sont illégales, mais comme ils n’ont ni les ressources matérielles ni le budget, ils ne peuvent rien faire.
Nous savions déjà qu’ils répondraient cela, donc la prochaine étape est un recours en justice pour l’incapacité de l’autorité à agir en ne sanctionnant pas les corridas que nous avons dénoncées. Nous verrons comment les autorités répondent au juge. Nous sommes sur une très bonne voie. »
Arturo Berlinga, directeur d’AnimaNaturalis Mexique
Luis Berrospi, Lima Antitaurino (Pérou)
En complement, ce reportage : Protestan contra corridas de toros; aseguran que son ilegales (en espagnol).