Dans un article du 8 janvier 2022, La Provence nous confirme que les ganaderos français sont « toujours dans l’expectative« , ou plus précisément dans une « infernale descente » comme on le découvre dans la bouche de l’un des éleveurs. Cet éleveur, c’est Virgile Alexandre, président de l’Association des Éleveurs Français de Taureaux de Combat (AEFTC). L’aspect principal est que le secteur qu’il représente est « très durement touché par le Covid« , la crise sanitaire ayant accentué les problèmes récurrents de cette filière qui s’enfonce de plus en plus dans les pertes financières avec la désaffection chronique du public.
« La situation est aujourd’hui très préoccupante pour les élevages de bétail extensifs et particulièrement pour nous, éleveurs de taureaux. Sur ces deux dernières années, le peu de spectacle qui ont pu se dérouler n’a pas permis et ne permet pas d’envisager l’avenir sereinement. Cela a été deux années de recettes irrégulières avec des répercussions économiques importantes. Les quelques aides financières de quelques collectivités territoriales n’ont pu que maintenir l’hémorragie. Jusqu’à quand ?«
La Provence précise que de nombreux éleveurs ont été contraints de réduire drastiquement leur cheptel avec tous les problèmes que cela peut engendrer sur les lignées de leurs élevages. « Cette situation a de fait un impact très important sur des lignées généalogiques au patrimoine génétique unique au monde, qui pourrait même mener à leur disparition« , complète Virgile Alexandre.
On retrouve là un mythe tenace chez les aficionados, celui de la soi-disant pureté génétique des « races » de taureaux destinés aux corridas. Rappelons à ce sujet qu’il n’y a aucune pureté ni aucun enjeu génétique chez ces animaux qui sont le produit de croisements divers avec pour unique but d’être envoyés à une mort atroce.
« Nous, éleveurs, on a toujours su s’adapter aux fluctuations du marché. Il y avait très peu de surplus de toros en fin de saison car ils étaient absorbés par divers spectacles dits « mineurs » comme les fiestas camperas et autres corridas portugaises avec forcados. Aujourd’hui les premières ont reculé en nombre à cause de la pandémie, les secondes ont quasiment disparu des programmes« .
Et ils osent parler de « passion » alors que leur seule motivation, leur seule vocation est d’écouler (c’est-à-dire conduire à la mort), le plus grand nombre possible de taureaux qui passent entre leurs mains. Là, le cynisme le plus écœurant n’est jamais loin et cet éleveur n’y échappe pas lorsqu’il ajoute : « Au-delà de la passion, nous avons un engagement moral avec nos animaux« . Un engagement moral ? Quelle morale y a t-il à vouloir massacrer des herbivores qui n’ont rien demandé ? En quoi ces animaux victimes se sentent-ils tenus à un quelconque engagement de quoi que ce soit, à part leur envie de vivre et certainement pas d’être suppliciés à mort ?
Raison de plus de nous réjouir lorsqu’il précise : « ‘Nous sommes peut-être à un point de non-retour« , ne sachant comment « mettre tout en œuvre pour trouver des solutions afin de stopper cette spirale, cette infernale descente« .
Vivement que le fond soit atteint !
Roger Lahana