Les corridas en Espagne sont à l’agonie selon les taurins

L’industrie taurine espagnole se pose des questions angoissées sur la rentabilité inaccessible des corridas à venir – qui pourraient reprendre fin juin – alors que la capacité des arènes sera probablement limitée par le gouvernement à 50% maximum. Pour les professionnels du secteur, il s’agit là d’une nouvelle action du gouvernement pour faire chuter la tauromachie, déjà sévèrement atteinte d’un point de vue économique.

Les corridas sont confrontées à une nouvelle normalité basée sur des mesures plus restrictives que dans d’autres spectacles culturels en termes de capacité et aucune aide spécifique.

Conformément aux annonces gouvernementales que nous avons relayées sur notre site il y a quelques semaines, le bulletin officiel espagnol (BOE) confirme les restrictions qui seront mise en place pour la reprise de ces spectacles. Il est en effet précisé que la capacité sera au maximum d’un tiers d’arène avec au plus 400 spectateurs lors de la phase 2 de déconfinement (en cours). Le secteur de la tauromachie est furieux et surtout, désespéré.

De l’avis de Rafael Garrido, empresario des arènes madrilènes de Las Ventas, « s’il en est ainsi, il est économiquement impossible de présenter une corrida. Espérons que ce n’est que pour une durée limitée tant que l’état d’urgence persiste, car sinon il n’y aura plus de corridas du tout ».

Pour sa part, Fernando Gomá, vice-président de la Fundación del Toro de Lidia, estime qu’il reste encore beaucoup à faire. Mais il relativise son pessimisme, déclarant que le secteur doit de toute façon être réformé pour survivre et qu’il s’agit là d’une opportunité. Exactement ce qu’un communiquant adepte de la langue de bois peut dire quand il n’a plus aucune issue pour s’en sortir.

José María Garzón, jeune empresario aux dents longues, rebondit sur ces propos et ajoute qu’il va y avoir « des changements importants et sûrement positifs« . Garzón insiste sur la nécessité de reprendre au plus vite les corridas une fois l’état d’urgence levé, car il estime qu’avec une capacité de 40 ou 50%, la programmation peut être rentable, à condition que les différentes parties impliquées consentent à des ajustements sur leurs tarifs, à commencer par les toreros et les éleveurs. Autant dire que l’issue est loin d’être trouvée pour eux.

En outre, les taurins craignent largement que certaines communautés autonomes – en particulier les îles Baléares –  profitent de cette circonstance pour bloquer toute nouvelle corrida. Mais ce qui prédomine chez ces gens qui ont eu jusqu’à la pandémie une attitude dominatrice, c’est l’incompréhension face à l’écroulement qu’ils subissent. En état de déni absolu, ils continuent à penser qu’ils sont une branche importante du paysage culturel espagnol, alors qu’ils ont depuis déjà longtemps rétrogradé dans le bas du classement pour ce qui concerne l’intérêt réel que leur portent les Espagnols dans leur très large majorité, bien loin de la propagande à laquelle les taurins continuent de croire quand ils répètent, hébétés, qu’ils représentent le deuxième spectacle de masse de leur pays, alors qu’il n’intéresse plus que quelques pour-cents de la population, au même niveau que les ballets et la danse.

Source principale : La Razon (en espagnol).