Non, la corrida n’est pas le deuxième spectacle de masse en Espagne

Contrairement à ce que prétendent les taurins, les corridas ne sont pas le deuxième spectacle en Espagne en nombre de spectateurs, mais le dixième, derrière le football, le cinéma, les monuments et les sites, les musées, les concerts de musique actuels et de musique classique, les expositions, le théâtre et les galeries d’art. La corrida est le spectacle qui obtient la note la plus basse par rapport à l’intérêt qu’elle suscite auprès des citoyens.

Le 22 mai, le porte-parole de la Fondation Toro de Lidia, Chapu Apaolaza, a assuré lors d’un débat sur l’émission La Mañana sur TV1, que la corrida est le deuxième spectacle de masse après le football en Espagne. C’est ce que proclament depuis des années les différents représentants du monde de la tauromachie.

La réalité est que seulement 8% des Espagnols ont assisté à un événement taurin en 2019, selon l’Enquête 2018-2019 sur les habitudes et pratiques culturelles en Espagne,  publiée tous les quatre ans par le ministère de la Culture. Un chiffre bien inférieur à ceux liés aux autres habitudes culturelles, et qui diminue également d’un point et demi par rapport à 2018 (9,5%). Sur ces 8%, seulement 5,9% ont assisté à une corrida payante (corridas, novilladas et rejones). Les autres n’ont assisté qu’à des festivités populaires, la plupart gratuites et payées par les municipalités dans le cadre de leur budget pour leurs fêtes patronales.

La corrida en 10e position, avec la danse et les ballets

L’Enquête sur les habitudes et pratiques culturelles en Espagne 2018-2019 est réalisée sur un échantillon de 16 000 personnes âgées de 15 ans et plus, résidant en Espagne. Les résultats de 2018-2019 indiquent que le cinéma est le deuxième spectacle qui rassemble le plus de personnes après le football (57,8%). Il est suivi par les visites de monuments (49,3%), les musées (40,5%), les concerts de musique actuels (30,1%), les expositions d’art (29,8%), le théâtre (24,5%), les événements archéologiques (21,8%) et les concerts de musique classique (9,4%), qui surpassent les spectacles de taureaux pour la première fois en public. La dixième place est partagée à égalité par les ballets, la danse et les corridas, avec 8%. Seuls l’opéra et la zarzuela sont derrière, avec 3,3 et 1,5%, la consultation des archives (7,1%) ou le cirque (7,3%).

L’enquête mesure dans une autre section le degré d’intérêt pour la tauromachie dans la société espagnole sur une échelle de 0 à 10. La note moyenne finale que les auteurs de l’étude accordent à l’intérêt suscité par les corridas et dérivés est passée de 2,5 à 2,3 par rapport à 2015. C’est la note la plus basse de toutes les activités culturelles, car c’est la seule qui génère un fort rejet social, la note moyenne pour le cinéma étant de 6,8, pour les musées 5,2, les galeries d’art 4,1 et les sites archéologiques 4,8. Les concerts de musique classique suscitent un score d’intérêt moyen de 5 et les concerts de musique actuels de 6,6. Le théâtre est à  5,8, l’opéra à 3,5 et les ballets ou la danse à 3,8.

Source : AnimaNaturalis
Adaptation en français : RL