Le procès des violences en réunion commises à Rodilhan en 2011 avait abouti en première instance à qualifier de délinquants dix-sept aficionados sur les dix-huit poursuivis pour avoir ressenti le besoin irrépressible de se défouler sauvagement pendant une demi-heure sur des manifestants anticorrida (enchaînés, leur tournant le dos et ne répliquant à aucun coup), plutôt que d’attendre assis sur les gradins que les forces de l’ordre les évacuent.
Il faut dire que la corrida qu’ils aiment tant porte les mêmes valeurs de lâcheté innommable, de domination imbécile et d’instinct de mort, puisqu’elle consiste à s’acharner à six sur un être innocent jusqu’à ce qu’il succombe. Fort heureusement, à Rodilhan, personne n’était mort (un miracle quand on revoit certaines images), même si toutes les victimes en sont ressorties sérieusement choquées psychologiquement et certaines physiquement.
Cependant, deux des condamnés à l’audience des 14-15 janvier 2016 devant le tribunal correctionnel de Nîmes avaient décidé de faire appel, ce qui les maintenait dans le camp des honnêtes gens jusqu’à ce que la cour d’Appel juge à nouveau les (mé)faits qui leur étaient reprochés : Corentin Carpentier, alors président des Jeunes Aficionados nîmois et président des Jeunes de l’UDI, et Serge Reder, maire de Rodilhan venu prêter main forte aux exactions plutôt que de calmer le jeu en tant que premier édile de sa commune, désormais connue dans le monde entier pour son sens très particulier du respect de la liberté d’opinion.
Corentin Carpentier (au premier plan en noir) en pleine action le 8 octobre 2011 à Rodilhan
Ce dernier a préféré ne pas maintenir son appel. C’est donc sa condamnation en première instance qui prévaut : 1500 euros d’amende. Quant à Corentin Carpentier, la Cour d’appel de Nîmes lui a confirmé sa condamnation à 600 euros d’amende, ce qui est d’une magnanimité rare puisque dans quasiment tous les cas, les peines en appel sont doublées quand les chefs d’accusation sont confirmés.
Rappelons la définition du dictionnaire :
Délinquant (n.m.) : Qui a commis un délit.
C’est donc juridiquement établi : Serge Reder et Corentin Carpentier sont des délinquants, au même titre que les quinze autres aficionados condamnés pour les mêmes violences en 2016, dont deux à des peines de prison ferme. Ce qui porte le total définitif à dix-sept aficionados délinquants pour cette seule affaire survenue un certain 8 octobre 2011. Leurs noms et leurs peines sont rappelés plus bas.
Que l’on me permette, en conclusion, de me citer moi-même, avec un extrait du livre que j’ai consacré à ce lynchage :
Eux qui se prennent pour des êtres épris de noblesse, de culture et de bravoure de pacotille, ils se sont simplement conduits à Rodilhan et ailleurs comme des petites frappes de bas quartiers promptes à brutaliser et invectiver leurs opposants.
Ceux qui ont été condamnés pour leur comportement violent et hors-la-loi sont des vulgaires délinquants de droit commun. Merci à la justice de l’avoir enfin établi de façon objective.
Roger Lahana
A lire en complément : « Violences dans les arènes – Rodilhan, le procès », de Roger Lahana. Préface de Jean-Marc Montegnies. Editions du Puits de Roulle, Collection « Être sensible ». 282 pages. En vente partout et en particulier dans la boutique de ce site.
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Les 17 aficionados condamnés pour les délits qu’ils ont commis à Rodilhan le 8 octobre 2011 sont :
- Gérard Allonge : 10 mois de prison avec sursis et 800 € d’amende
- Christophe Arnaud : 1 mois de prison avec sursis et 600 € d’amende
- Christophe Cariat : 800 € d’amende
- Corentin Carpentier : 600 € d’amende
- Christian Cartoux : 500 € d’amende
- Didier Dubois : 10 mois de prison dont 2 ferme et 1 000 € d’amende
- Gérard Fage : 7 mois avec sursis, 800 € d’amende et 100 € de contravention
- Joël Gigneys : 8 mois avec sursis et 1000 € d’amende
- Patrice Griotto-Chauvin : 10 mois avec sursis et 1 500 € d’amende
- Marc Jamet : 2 mois avec sursis et 800 € d’amende
- Jacques Lanfranchi : 8 mois avec sursis et 1 000 € d’amende
- Christophe Lautier : 600 € d’amende
- Aurélien Lepsa : 3 mois avec sursis et 600 € d’amende
- Régis Pélissier : 4 mois avec sursis et 800 € d’amende
- Serge Reder : 1 500 € d’amende.
- Roger Savarin : 12 mois de prison dont 6 ferme, 1 000 € d’amende et deux contraventions de 150 €.
- Frédéric Selaniko : 700 € d’amende.