Selon une enquête menée par les journalistes de OK Diario, l’UCO (Unité contre le Crime Organisé, formée de gardes civils) pense que le Centre des Affaires Taurines de la Communauté de Madrid pourrait avoir réglé les dépenses électorales du Partido Popular (droite) avec une partie des recettes des corridas organisées dans les arènes de Las Ventas, ainsi que des contrats signés avec les toreros. Les faits se sont produits à l’époque où les arènes étaient gérées par Ignacio González, Directeur des Affaires Taurines, qui a déjà été emprisonné pendant 25 jours.
La plateforme La Tortura No Es Cultura (LTNEC), qui regroupe 47 organisations de protection animale, se demande s’il y aurait un lien entre ce financement illégal par les corridas et le soutien y compris financier des corridas par le PP. LTNEC demande donc une enquête à ce sujet.
Le PP a toujours été le parti politique qui a le plus fortement soutenu la tauromachie en Espagne, malgré la raréfaction de l’intérêt des Espagnols pour cette pratique. Selon le dernier sondage Ipsos Mori, seulement 19% des Espagnols défendent encore les corridas, 7% chez les jeunes. En revanche, l’opposition à la corrida augmente chaque jour, avec des manifestations massives comme celle qui a eu lieu le 13 mai dernier et qui a rempli la Calle Mayor et la place Puerta del Sol.
Malgré cela, le gouvernement maintient une position incompréhensible en faveur de la promotion d’une activité qui divise les Espagnols, en allouant des subventions publiques à chaque fois que cela est possible, par le biais du ministère de la Culture et celui de l’Environnement, et en finançant des festivités taurines directement ou indirectement dans les Communautés Autonomes et les municipalités.
Le pouvoir central a également oeuvré à l’inclusion de cette activité à l’inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel du pays, ce qui a eu pour conséquence le versement de 1% du budget culturel, qui serait plus utile à soutenir à d’autres formes de patrimoine sérieusement en danger de disparition. De plus, il a mis en place une TVA réduite à 10% pour la tauromachie, alors que le cinéma et les produits de nécessité courante tels que les tampons hygiéniques ou les couches pour bébés sont toujours taxés à 21%.
Du point de vue des organisations animalistes, ce lien possible entre le financement illégal du PP par la tauromachie et son soutien inconditionnel à cette activité pourrait être avéré. Selon Marta Esteban, présidente de LTNEC, « On commence à comprendre pourquoi le PP a soutenu la tauromachie contre l’opinion d’une large majorité d’Espagnols, et a alloué des subventions publiques pour maintenir cette activité ruineuse. Peut-être que cela permettrait d’expliquer pourquoi le PP ait reçu des commissions sur les contrats de gestion de Las Ventas et les contrats des toreros. Nous exigeons qu’une enquête soit diligentée afin de savoir si cela s’est seulement produit à Madrid. Dans les prochains jours, nous allons entamer une série de contacts avec les organismes sociaux et les partis politiques pour demander l’ouverture de recherches auprès des parlementaires et pour clarifier l’opacité qui entoure le Centre des Affaires Taurines de la Communauté de Madrid.
Jose Enrique Zaldívar, président de l’association vétérinaire AVATMA, a déclaré : « Du fait que le financement a peut-être été apporté par les responsables de quadrilles, il sera nécessaire d’enquêter sur les rémunérations qu’ils ont perçues au travers des empresas concernées ces dernières années par des contrats avec Las Ventas. »
Ce n’est pas la première fois que le PP, la corruption et la tauromachie se retrouvent liés. Carlos Fabra a déjà été dénoncé pour des transactions de financement illégal de corridas avec des fonds supposés être destinés à des hébergements sociaux pour les seniors ou du volontariat.
Contacts média :
Marta Esteban, présidente de LTNEC : + 34 606300906
Jose Enrique Zaldívar, président de AVATMA : +34 629 22 37 20