Les eurodéputés ont à nouveau voté le 25 octobre 2016 à une large majorité, comme l’an dernier, un amendement qui « réaffirme que les crédits de la PAC ne doivent pas être utilisés pour soutenir l’élevage ou la reproduction de taureaux utilisés pour des activités de tauromachie entraînant la mort de l’animal ». Sur les 687 suffrages exprimés, 61 % des votants ont soutenu cet amendement (source Votewatch).
2014 | 2015 | 2016 | |
Pour la fin des subventions | 332 | 438 | 416 |
Contre la fin des subventions | 298 | 199 | 221 |
Le problème est que les règles de la PAC actuellement en vigueur rendent ce type d’amendement inapplicable et c’est pour cela que rien n’avait changé après le vote de 2015. Aucun espoir, donc, de voir disparaître ces subventions à court terme. C’est ce qui peut expliquer le nombre légèrement moins important de votes « pour » en 2016. Fin 2015, les eurodéputés verts laissaient entendre qu’ils allaient mettre en oeuvre une stratégie pour sortir de cette nasse juridique. On n’en a pas vu les effets jusqu’à présent. Fin 2016, ils le laissent à nouveau entendre. Espérons que, cette fois, cela aboutira.
En attendant une vraie application de la démocratie (on peut rêver), il est intéressant d’observer les répartitions des votes par groupes politiques, afin de mettre en évidence les votes pour ou contre la suppression de ces subventions scandaleuses à une industrie de souffrance et de mort.
On retrouve globalement les mêmes tendances que l’an dernier :
- La droite républicaine (groupe EPP) a voté majoritairement contre la suppression (donc pour le maintien des subventions),
- L’extrême-droite (groupe ENF) s’est répartie de façon quasi égale entre pour et contre,
- Tous les autres groupes, dont les Verts (groupe Greens EFA) et les Socialistes (groupe S&D), ont voté très largement pour la suppression des subventions.
La répartition des votes par Etats-membres est également intéressante.
Les trois pays d’Europe où la tauromachie se pratique encore sont autour de 50% de pour et de contre, un résultat mitigé qui est en soit une preuve du recul de cette barbarie, y compris dans son berceau historique qu’est l’Espagne où les pour sont à peine moins nombreux que les contre (huit voix d’écart) bien que les eurodéputés de ce pays soient très largement issus des partis les plus conservateurs sur cette question (PP et PSOE, qui l’un et l’autre sont largement en faveur du maintien des corridas en Espagne).
Les pays les plus largement en faveur de l’abandon des subventions sont la Belgique, l’Italie, la Grèce, l’Autriche, les pays scandinaves, la Grande-Bretagne et les Pays-bas. Parfaitement logique puisque, chez eux, la corrida est interdite, comme c’est le cas pour 25 des 28 Etats-membres.
Pourtant, les derniers partisans marqués de l’aide à la tauromachie sont, de façon surprenante, la Hongrie (quasi unanimité contre) et l’Allemagne (le plus grand nombre de votes contre l’arrêt des subventions). Ce dernier pays vote de façon similaire à d’autres sans tauromachie, tels que la Roumanie, la République Tchèque ou la Pologne, qui sont très mitigés sur la question, pour des raisons probablement plus liées à l’existence même de subventions européennes aux activités agricoles que sur le sujet réel de la tauromachie.
Encore une fois, les consciences et les opinions évoluent beaucoup plus vite que les lois quand il s’agit d’aller vers un monde plus éthique.
Roger Lahana