Les aficionados sont notoirement des personnes avides de souffrance animale et capables de bien des ignominies. Certains d’entre eux ont atteint un sommet dans l’abjection il y a quelques jours à Gijon, ville d’Espagne de 300 000 habitants.
Deux des taureaux envoyés à la corrida qui s’est tenue là ont été prénommés « Féministe » et « Nigérian » avant d’être torturés à mort la semaine dernière dans l’arène de Gijón. Tant qu’à supplicier un animal, autant lui donner un nom qui fasse rire grassement les spectateurs assistant à ce spectacle odieux. On imagine le dialogue, probablement très arrosé, lors duquel les organisateurs ont eu ces ignobles idées. Ce devait être sur le mode : « Tiens, et si on massacrait un féministe ? Attends, et aussi un Nigérian, c’est trop drôle, les aficionados vont adorer !«
Le problème, c’est que ça n’a pas du tout fait rire la maire socialiste, Ana Gonzalez, qui a déclaré face à ces initiatives écœurantes de bêtise et de haine le 19 août sur la radio Cadena Ser : « Plusieurs lignes ont été franchies, deux en fait : une avec « Féministe » et une autre avec « Nigérian » ». La gestion des arènes dépendant de la ville, elle a pris la décision d’y interdire désormais les corridas. « Dans une ville qui croit en l’égalité entre les femmes et les hommes, dans l’intégration […], nous ne pouvons pas permettre ce genre de chose« .
Que pensez-vous que les aficionados ont répondu ? Qu’ils ont présenté leurs excuses ? Pas du tout. Le torero qui a tué l’un des taureaux a enfoncé encore plus le clou en expliquant que les noms Féministe et Nigérian sont utilisés depuis plus de 40 ans et que toute leur progéniture « porte le même nom afin que la lignée perdure ». Ah, d’accord : si les éleveurs étaient machistes et racistes il y a 40 ans, il ne faut surtout pas que ça change, c’est une question purement pratique et si la maire ne comprend pas ça, c’est qu’elle a une « méconnaissance du monde rural« . Autrement dit, si les éleveurs étaient abjects il y a 40 ans, il faut que cela perdure et que surtout rien n’évolue. La tradition, encore et toujours, la tradition du pire… Mais qui peut admettre un raisonnement aussi pourri ?
Pas la maire, en tout cas. Et la plupart des gens normaux non plus.
RL
Sources : AnimaNaturalis et Sud-Ouest.