La féria n’est (toujours) pas la corrida

Les anticorrida répètent depuis des années que la feria ce n’est pas la corrida.

Il semble que les hôteliers et autres restaurateurs arlésiens commencent à se rendre compte – et certains le disent depuis des années – que la feria d’Arles ne ramène plus tant de touristes que cela. Les Arlésiens viennent s’amuser, danser, rire, passer de bons moments et les spectateurs de corridas venant d’ailleurs, semblent moins nombreux, de même les corridas quand elles ne sont pas remplacées la plupart du temps, par des novilladas.

Du point de vue touristique, le mois de juillet a été assez morose et La Provence Arles du 5 septembre 2023 écrit : « La Feria du riz sauvera-t-elle la saison ? »

La Feria en bouée de sauvetage ? Pas sûr, pour P. Tommasi, président de l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie). Alors que septembre semble être un bon cru pour les hôteliers, en ce qui concerne la Feria, il enregistre une vraie baisse des séjours. « Les gens qui venaient de loin ne viennent plus, je ne sais pas si c’est moins attractif qu’avant, mais je pense que comme il n’y a qu’une grosse soirée de prestation le samedi, ça a beaucoup limité les séjours hôteliers. Avant, on vendait facilement trois nuits, cette année, en vendre deux est déjà difficile« .

Le propriétaire du Brithotel Acacias s’inquiète pour les restaurateurs qui ne peuvent pas anticiper la fréquentation. D’autant plus que cette année, la première soirée de la Feria coïncide avec le match d’ouverture de la coupe du monde de rugby qui verra s’affronter la France et la Nouvelle-Zélande. Ce sont deux gros événements pour Arles et les restaurateurs qui ne prévoient pas de projeter le match risquent de perdre des clients. Ben Ayed n’en revient pas : « Dans notre métier, il ne faut jamais croiser des événements. Il aurait fallu anticiper et ne pas programmer une Feria pendant une coupe du monde de rugby qui se passe en France. C’est bête mais des commerçants vont être privés de recettes à cause de ça« .

De manière générale, Ben Ayed ne constate pas de hausse de fréquentation durant la Feria : « Le parking en face est fermé, les barrières installées pour les animations font un bruit monstre, personne ne reste sur ma terrasse » commente-t-il. « Aujourd’hui la Feria, ce sont des gens qui travaillent une fois par an et qui mettent des stands ou des food-trucks sur l’avenue. C’est une beuverie à ciel ouvert et si on n’est pas un bar on n’en profite pas« .

Alors, nous pouvons nous demander à qui profitent ces journées tournant autour de la tauromachie espagnole qui coûte si cher à Arles et aux Arlésiens, puisque le maire P. De Carolis, dimanche lors de l’inauguration de « l’Espace Toros », rendait hommage à tous ceux qui font de la ville d’Arles un « haut lieu de la tauromachie ». Quant à son « ami » le directeur des arènes J.B. Jalabert, il s’est « réjoui de son « cartel de luxe » de la Goyesque pour cette « corrida référence de la temporada française » avec « une décoration en hommage à Picasso » et pour la première fois un pianiste dans les arènes.

Oui, à qui profite tout ceci ?

Dominique Arizmendi