Mise à mort finale du taureau avec la puntilla
(mise au point du COVAC)
La puntilla, poignard à lame courte, va sectionner plus ou moins complètement le haut de la moëlle épinière ou le bas du bulbe rachidien au niveau de la région atlanto-occipitale (à la jonction de la colonne vertébrale et de la base du crâne). Ceci ne provoque pas la mort, mais une paralysie, pouvant être partielle. La mort survient secondairement par arrêt respiratoire et asphyxie (ou par saignée dans le cadre d’une mise à mort en abattoir). En attendant, le taureau peut continuer à souffrir tant qu’il reste conscient, même s’il ne peut plus bouger, notamment si la moëlle n’a pas été complètement sectionnée.
Il existe deux sortes d’arguments quant au fait que la puntilla ne provoque pas une mort immédiate et est une pratique cruelle :
I – Une étude scientifique publiée en 2010.
Cette étude n’a évidemment pas été réalisée dans le cadre de corridas : les seuls vétérinaires ayant accès aux taureaux sont les vétérinaires « taurins », lesquels ne vont évidemment pas faire des recherches sur les aléas de la mise à mort.
Elle a été réalisée par 3 chercheurs du Royal Veterinary College de Londres (l’une de dix écoles vétérinaires britanniques).
Elle porte sur un abattoir où est utilisée la « puntilla », en l’occurrence en Bolivie. Georgina Limon, première signataire de l’étude, a fait ses premières études vétérinaires au Mexique, et Javier Guitian, deuxième signataire, en Espagne.
Et elle a été publiée dans Meat Science, qui est loin d’être une revue « animaliste » :
Limon G, Guitian J, Gregory NG. An evaluation of the humaneness of puntilla in cattle. Meat Sci. 2010 Mar;84(3):352-5.
L’accès à l’intégralité de cette étude est payant.
Mais une publication en ligne des mêmes auteurs 2 ans plus tard reprend tous les éléments de cette étude (la différence est qu’elle y inclut en plus une étude sur 20 lamas) :
Limon G, Guitian J, Gregory NG. A review of the humaneness of puntilla as a slaughter method. Animal Welfare 2012, 21(S2): 3-8.
Cette étude porte sur plus de 300 bovins (309), abattus donc exactement comme est censé être achevé le taureau de corrida à la fin du spectacle, à savoir par l’insertion d’un couteau dans la nuque au niveau de l’espace atlanto-occipital, qui a pour but de sectionner la partie supérieure de la moëlle épinière. De plus, ces gestes étaient accomplis par des opérateurs dont c’est le métier quotidien, pas par des « puntilleros » qui s’y emploient à l’occasion des spectacles de leur cuadrilla.
Les auteurs notent pourtant « en pratique, la puntilla est difficile à exécuter de manière efficace, il est difficile de pénétrer dans l’espace atlanto-occipital et il existe un risque de ne pas sectionner complètement la moelle épinière.«
Résultats :
- le geste doit souvent être répété chez les animaux de plus de 380kg, ce qui est comme on sait toujours le cas d’un taureau « brave » adulte,
- plus de 90% des animaux continuent à présenter des réactions cérébrales et spinales,
- plus de 80% des animaux continuent à présenter des mouvements respiratoires rythmiques,
- 70% des animaux restent sensibles.
L’ensemble de l’article vaut la peine d’être lu.
II – Les réglementations, conventions ou recommandations internationales
A – L’usage de la « puntilla » comme procédure d’abattage est interdit par :
1 – L’Union Européenne : article 15-3-c du règlement N° 1099/2009 du Conseil du 24 septembre 2009
« 3. Les méthodes d’immobilisation ci-après sont interdites:
- c) endommager la moelle épinière en utilisant, par exemple, un poignard ou une dague; »
2 – Le Conseil de l’Europe : article 16-2 de la Convention européenne sur la protection des animaux d’abattage (1979), ratifiée par 26 des pays membres.
« L’utilisation de la puntilla, de la masse et du merlin est interdite. »
B – L’usage de la « puntilla » comme procédure d’abattage est clairement déconseillé par :
1 – La FAO, organisation de l’ONU : chapitre 7 des « Recommandations pour une manipulation, un transport et un abattage du bétail sans cruauté » (2001) :
« Dans de nombreux pays en voie de développement, l’immobilisation des grands ruminants (bovins, buffles) est encore réalisée à l’aide d’un couteau tranchant et pointu parfois appelé puntilla. Le couteau est utilisé pour couper la moelle épinière à travers l’espace (Foramen magnum) entre le crâne et la colonne vertébrale. Lors de l’insertion du couteau et la section de la moelle épinière, l’animal s’effondre. Il restera immobilisé ; cependant, les animaux restent conscients jusqu’à ce que la saignée soit terminée. Cette pratique devrait être abandonnée, car elle n’est pas sans cruauté. »
2 – L’Organisation Mondiale de la Santé Animale, organisation internationale qui regroupe 182 pays membres : article 7.5.2, point 4-b-v du Code sanitaire pour les animaux terrestres
« b) Les méthodes d’immobilisation causant des souffrances évitables ne doivent pas être appliquées chez des animaux conscients, car elles provoquent douleur extrême et stress. Parmi ces méthodes figurent entre autres les procédés suivants :
- v) endommager la moelle épinière en utilisant, par exemple, une puntilla ou un couteau pour immobiliser les animaux. »
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Article rédigé par le COVAC (Comité des Vétérinaires pour l’Abolition de la Corrida)
On peut voir ici une série de vidéos qui attestent du fait que les taureaux sont toujours vivants au moment où ils sont mutilés. Attention, images épouvantables. Il faut cliquer sur « Voir » pour faire apparaître les images.
https://twitter.com/Abus_Rituel200/status/1575522943269994496