La nouvelle est tombée en fin de journée le 17 mai 2022 : Nicolas Cadène, candidat procorrida aux législatives sous les couleurs d’EELV, a bien été investi par ce parti qui porte dans sa charte l’abolition de la corrida.
Rien n’a fait bouger les instances suprêmes du parti, Julien Bayou en tête. Les membres du bureau national se sont essuyé les pieds sans hésiter sur leurs propres valeurs : ni les protestations généralisées des différents élus d’EELV au niveau national, tout aussi ulcérés que les associations anticorrida par cette forfaiture, ni la tribune publiée par le JDD cosignée par 36 élus et responsables associatifs, ni surtout l’évidence – ou du moins aurait-elle dû en être une – qu’il n’est pas envisageable, à aucun prix, qu’un candidat procorrida soit investi par un parti anticorrida, d’autant qu’il n’a pas montré le moindre signe d’évolution vers une attitude de repenti.
À quoi sert d’avoir une charte qui écrit en toutes lettres que l’un des objectifs d’EELV est d’abolir la corrida si ensuite le bureau du parti investit un procorrida ? Cadène fait preuve d’une attitude qu’on pourrait qualifier d’opportuniste. Il est un aficionado jusqu’au bout des ongles. Quels que soient ses propos lénifiants sur le fait qu’une fois élu, il votera comme le reste de son groupe, il n’a pas cédé un millimètre sur son amour pour la corrida et va très probablement éviter de signer le manifeste de la FLAC jusqu’au bout, parce qu’il a trop peur d’être mis en pièces par ses copains procorrida, ce qui confirme qu’il se positionne toujours aussi clairement dans le camp des aficionados. Quant à faire des promesses sur ce qu’il fera une fois élu, on sait tous qu’elles n’engagent que ceux qui les croient comme disait Pasqua qui s’y connaissait en cynisme politique.
Reste un point qu’il ne faut pas escamoter : il n’est pas encore député. De nombreux élus EELV ont fait savoir qu’ils n’appelleraient pas à voter pour lui, ce qui montre à quel point ils rejettent son investiture passée en force contre leur avis. De là à ce qu’un certain nombre d’entre eux décident de démissionner, il n’y a qu’un pas. Mais qu’il soit élu ou battu, la tache infâmante d’avoir investi un procorrida ne sera jamais lavée tant que le bureau actuel continuera à exister, du moins ceux qui l’ont soutenu. Quelle confiance peut-on garder pour les instances dirigeantes de ce parti qui s’était jusque-là comporté de façon exemplaire vis-à-vis de notre combat ? Plus aucune, tant que les membres de ce bureau resteront ceux qui ont craché sur leurs engagements.
D’ailleurs, ceux qui ont investi Cadène auront-ils le courage de le dire publiquement, afin que ceux qui ont voté contre ne soient pas entraînés dans la même infamie ? Ou ces derniers préfèreront-ils être les complices de cette honteuse compromission ?
Un commentaire d’Enrico Eusebi (Parti Animaliste) sur notre page Facebook en conclusion : « Honteux. Néanmoins, un mot d’encouragement à la Condition animale, qui s’est battue contre cette ignominie. Hélas, un pote de Bayou, Cadène, pro-corrida, a eu l’investiture, malgré les protestations de militants honnêtes et cohérents. »
Roger Lahana