Un communiqué du FLAC66 sur la corrida de Céret

A   Perpignan, le 10 février 2022

Front 66 des Luttes pour l’Abolition des Corridas          
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Objet : Corrida Céret

Dans l’Indépendant du 13 janvier 2022, l’ADAC (Association  Des Aficionados Cérétans) a présenté les taureaux  qui seront massacrés lors de la féria de Céret de juillet. Le 13 février 2022, l’ADAC présente les hommes qui les tueront à l’arme blanche.

En 2022 après JC, dans une civilisation soi-disant avancée, il y a encore des femmes et des hommes qui prennent plaisir, voire plus (lire l’œuvre de Bataille : L’oeuil ) à regarder un bovin domestique mis à mort après sévices (dixit l’article 521-1 du Code Pénal).

Les élucubrations des amateurs de ce genre de spectacle n’y changeront rien, ils tentent de justifier leur morbide passion en utilisant des vocables tels que : tradition, culture etc. qu’ils ne dominent pas eux même.

Où voient-ils de la culture dans le fait de charcuter jusqu’à ce que mort s’ensuive un taureau, ou dans le fait, légèrement snob, d’utiliser entre eux des expressions castillanes,  alors qu’ils prétendent que cette pseudo-culture serait catalane, (ce qui ne change rien au demeurant sur sa finalité.)  Pour ce qui est de tradition, n’oublions pas que l’Homme n’a eu de cesse d’avancer en abandonnant certaines traditions ne correspondant plus à son degré de civilisation, pour en adopter de nouvelles. Cela s’appelle l’évolution.

S’accrocher à une tradition est le reflet d’un esprit arriéré et rétrograde, la crainte d’aller de l’avant.

Il faut relire Ramon Llull (philosophe, poète, théologien, missionnaire, apologiste chrétien et romancier majorquin, né vers 1232 à Palma de Majorque) :

« Costuma vella no la ams per sa antiquitat més que la nova, ne la nova no la ams més que la vella per sa noveletat : e sabs per que ? Per so que eleges la mellor e ages en ira la pijor. ».

« Ne préfère pas, pour son ancienneté, une vieille coutume à une nouvelle. Ne préfère pas non plus pour sa nouveauté, celle-ci à une ancienne. Et sais-tu pourquoi ? Parce que tu dois choisir la meilleure et rejeter la mauvaise. Tu serais plus sage marchand, fils, si tu allais par diverses terres et si tu choisissais les meilleures coutumes que tu y trouverais. »

Ils oublient soigneusement tout d’abord, que les taureaux destinés à la mise à mort sont des animaux considérés comme domestiques tels que le Code rural  les définit : «  êtres animés qui vivent, s’élèvent, sont nourris, se reproduisent sous le toit de l’homme et par ses soins ».

On ne saurait mieux définir les taureaux prétendument « braves », bénéficiant selon leurs propres dires de croisements et recroisements, bêtes fauves qui n’auraient qu’un  désir, tuer tout homme se présentant à eux.

Qui a déjà vu un  herbivore sauter sur quiconque pour le dévorer  ?

Ignorance totale du comportement d’un animal grégaire poussé de l’obscurité d’un cachot  au plein soleil de l’arène, se retrouvant, seul, prisonnier dans ce cirque sous des cris et musique, et qui, voulant se libérer, se défend en fonçant sur tout ce qui bouge et présente pour lui un danger..

Ils oublient l’article L 214-3 du Code Rural : «  Il est interdit d’exercer des mauvais traitements envers les animaux domestiques ainsi qu’envers les animaux sauvages apprivoisés ou tenus en captivité ». Mais de cela nos amateurs et nos élus n’en ont cure.

Faire cohabiter dans une ville un musée d’arts moderne et un vestige nauséabond du passé est un anachronisme inexplicable.

Il serait grand temps que la civilisation atteigne Céret.

Pour le FLAC 66, Jean-Pierre Dunyach