Notre happening de sensibilisation pour l’abolition de la corrida a été ce samedi 6 mars 2021 un grand succès. Nous avons été remerciés, félicités, encouragés, photographiés. On nous a réclamé à maintes reprises des tracts, des pétitions à signer. Nous en apporterons à nouveau, le mois prochain.
Il y a eu peu de touristes en ce jour de marché, certainement en raison des restrictions sanitaires. Les passants étaient surtout des Arlésiens. Il est loin le temps où personne n’osait s’approcher de nous de peur d’être vu en notre compagnie. Ceux qui ont voulu pendant des années faire passer les anticorrida pour des violents en sont pour leurs frais.
Notre banderole et nos visuels interpellent. Pour cette action, nous avons mis l’accent sur les écoles de torture bovine – dont une à Arles et une autre à Fourques, commune limitrophe – ainsi que sur l’interdiction des corridas aux mineurs.
Nous n’avons entendu que deux réflexions désagréables du style « il n’y a rien de plus important en ce moment ? » Pour les aficionados en manque d’argument, il y a toujours quelque chose de plus important que de critiquer leurs pulsions cruelles – tel ou tel conflit lointain, la famine en Afrique ou en Asie, la crise économique et, ces temps-ci, la pandémie. Qu’on les rassure : il suffit de respecter les gestes barrières pour pouvoir à la fois donner toute son importance à la situation sanitaire et en même temps nous exprimer sur la voie publique, comme le permet notre Constitution.
Ce dernier aspect est celui qui a le plus de mal à être pris en compte par les amateurs de corridas. En fin de matinée, nous avons eu la visite de deux policiers municipaux, certes aimables mais déterminés à nous faire ranger notre matériel et partir car « vous n’avez pas d’autorisation ». Sauf que cette action était dûment déclarée et autorisée, comme toutes celles que nous organisons et nous avons toujours sur nous les papiers officiels qui en attestent. Un simple appel téléphonique a permis de certifier que tout était en règle de notre côté. Les policiers municipaux ont reconnu qu’il y avait beaucoup de délations actuellement.
C’est la première fois que nous vivons cela en sept ans de présence militante à Arles. Si l’aficion locale croit qu’elle peut faire régner sa loi dans la ville au mépris des droits élémentaires, elle se trompe. Au passage, elle semble ignorer que la majorité de la population des départements taurins est opposée à la corrida. Elle devrait fréquenter les nombreux Arlésiens qui ne font pas partie de son camp de plus en plus étriqué, elle le comprendrait.
D’autre part, affirmer de façon péremptoire que nous n’avons pas d’autorisation alors que nous l’avons, signifie que ces policiers ont été induits en erreur. Par qui ? Par leur hiérarchie, autrement dit par la mairie ? Est-ce la mairie, voire le maire en personne, qui décide d’autoriser ou d’interdire une action militante pacifique déclarée, sans autre raison que de ne pas supporter une opinion qui lui déplait ? Non, c’est la préfecture de police de Marseille qui a ce pouvoir. Et la mairie aurait mieux fait de vérifier auprès des services de la préfecture que notre présence était parfaitement permise, cela lui aurait évité de se tourner en ridicule.
Que le maire soit un aficionado notoire, tout le monde le sait puisque, avant son élection, il ne venait à Arles pendant une trentaine d’années que pour les corridas. Que son conseil municipal soit aux trois-quarts composé d’aficionados en lien direct avec la tauromachie, ne change rien à l’affaire. Comme tout citoyen, nous avons le droit de ne pas être d’accord et de protester sur la voie publique tant que nous le faisons dans le cadre de la loi. Leur attitude n’est pas respectueuse de la liberté d’expression et de la démocratie.
Après avoir contrôlé notre déclaration, les policiers nous ont laissé tranquilles jusqu’à l’heure prévue de notre dispersion.
Encore merci aux militants fidèles du 13 et du 30 venus participer à cette action : Julie, Dagmar, Dominique, Stéphanie, Estelle, Nathalie, Joël, Kevin.
Dominique Arizmendi
Photos Julie Wayne