En collaboration avec CAS International, AnimaNaturalis mène une enquête exhaustive pour connaître les montants d’argent public directement utilisés pour organiser des spectacles avec des taureaux dans toute l’Espagne. Par le biais de la loi sur la transparence, ils ont sollicité des budgets de chacune des mairies de toutes les régions autonomes. Ce processus est ardu et long, car dans de nombreuses situations, les municipalités ne veulent pas fournir ces informations.
En Catalogne, l’enquête est pratiquement terminée, en attendant l’expiration des délais de réponse légale des 30 communes contactées, les seules à organiser des fêtes avec des taureaux dans cette communauté, les correbous. Plus précisément, la consultation a été faite en référence aux budgets destinés à payer les animaux, les assurances, les services vétérinaires et les ambulances, ainsi que les infrastructures ou le paiement aux experts taurins chargés d’assurer l’ordre et le développement de l’activité.
Certaines communes n’ont pas répondu à la demande, mais la plupart l’ont fait, ce qui a permis de conclure que les dépenses totales pour les festivals de tauromachie en Catalogne sont d’environ 850 000 €, un chiffre qui ne varie guère d’année en année.
« Alors que la crise sanitaire fait face face à une deuxième vague en Catalogne sans ressources pour la combattre, nous demandons aux mairies d’exercer leurs responsabilités avec l’argent public, et de cesser désormais de financer les activités tauromachiques », a déclaré Aïda Gascón, directrice d’AnimaNaturalis en Espagne. « Arrêtez de verser 850 000 euros par an pour des spectacles de maltraitance animale et mettez-vous à utiliser tout cet argent pour des choses dont toute la société a vraiment besoin », a-t-elle ajouté.
Vidreres, la Aldea, Paüls et l’EMD de Jesús, n’ont pas encore fourni les budgets, et avec deux des municipalités un processus de médiation a été ouvert entre les municipalités et AnimaNaturalis, avant d’atteindre la date limite à laquelle l’association pourrait déposer un recours contentieux administratif, considérant que ces communes violent les droits reconnus par la loi 19/2014 sur la transparence, l’accès à l’information publique et la bonne gouvernance, qui existe pour que les citoyens puissent acquérir les connaissances nécessaires pour évaluer les actions publiques et garantir l’exercice d’une puissance publique responsable. Dans un contexte d’État démocratique et de droit, tous les pouvoirs publics sont tenus de rendre compte au public de leur activité et de la gestion des ressources publiques.
Cependant, la majorité des municipalités ont répondu dans les délais. Les chiffres montrent que le conseil municipal qui alloue le plus d’argent aux activités tauromachiques est Amposta, avec 123 912 € en 2019, qui correspondent à 42 fêtes tauromachiques, dont 17 taureaux embolados, 7 taureaux ensogados, 13 spectacles de taureaux en arènes et 5 taureaux lâchés dans les rues. Par ailleurs, AnimaNaturalis s’est concentrée sur la commune où les correbous sont les plus chers : Mont Roig del Camp a alloué la somme de 20396 € pour seulement deux spectacles. La deuxième commune qui dépense le plus est Sant Carles de la Ràpita, qui a alloué 68 658 € pour organiser de 26 spectacles taurins, suivie par Alcanar, qui a alloué 62 848 €.
« Nous demandons, plus que jamais, que tout cet argent soit utilisé pour la santé, l’emploi, l’aide aux familles vulnérables et le renforcement de la culture essentielle, celle qui unit tous les Catalans, celle qui ne génère ni rejet ni division, mais qui apporte une réelle richesse culturelle et économique », conclut Aïda Gascón. Ce total de 850 000 € par an pourrait être utilisé pour le coût d’entretien annuel de 30 lits de soins intensifs, 34 respirateurs, 10 médecins généralistes, 20 infirmières hospitalières, 23 600 tests COVID19 et 467 000 masques.
Source : AnimaNaturalis (en espagnol)
Adaptation en français : RL