Les aficionados vivent décidément dans un monde hallucinant. Pour eux, programmer la torture et la mort de bovidés est une occasion de se réjouir, surtout s’ils sont français. Heureux les dix taurillons et taureaux envoyés à Istres le 18 octobre : ils vont être massacrés par des tueurs français, après avoir été élevés dans des manades françaises !
Le « matador d’Arles » Juan Leal, comme se plaît à souligner la chroniqueuse taurine de La Provence, réside en fait en Andalousie, comme nombre de toreros. Ils y ont leur siège social, les taxes et autre impôts y étant plus avantageux. Il va toréer en solo six taureaux, « sans encaisser de cachet, pour aider avec les bénéfices les associations locales qui ont soutenu les populations pendant la pandémie. »
« Mon acte est totalement gratuit, je viens pour aider ceux qui ont beaucoup donné en raison du Covid, et aussi pour permettre aux banderilleros qui n’ont pas touché beaucoup d’argent cette saison d’en avoir un peu, tout autant que les éleveurs !«
Que c’est beau, ce dévouement, cette abnégation !
Honte à ces associations qui vont recevoir des chèques entachées du sang de ces pauvres malheureux. Emmaüs, les Restos du Cœur et d’autres associations avaient refusé cet argent sale. Toutes n’ont pas la même dignité…
Suite au confinement, ce tueur a « beaucoup toréé en privé » : « avec la crise les éleveurs ont gardé beaucoup de toros au campo. C’est bien pour nous car au moins nous n’avons pas perdu le contact avec les animaux. » Ce que ce tueur appelle « ne pas perdre le contact avec les animaux « , c’est les torturer et les mettre à mort.
Quant aux quatre taurillons supplémentaires, ils seront charcutés par des novilleros, apprentis-tueurs avec toutes les conséquences que nous connaissons.
La préfecture, elle, a donné son accord pour que les spectacles taurins aient lieu en limitant à 1 500 personnes alors qu’Istres est, à vol d’oiseau, à 34 kms d’Aix et 39 kms de Marseille, secteurs en zone d’alerte maximale.
L’aficion peut dire merci à la préfecture. C’est le même préfet qui avait déjà autorisé les corridas d’Arles du 11 au 13 septembre, avant de déclencher des restrictions seulement le lendemain. Pendant ce temps, l’événementiel vit une situation dramatique dans les Bouches-du-Rhône…
Encore une fois, honte à cette municipalité pro-corrida.
Dominique Arizmendi