Corrida, le chagrin et la pitié (par Gérard Charollois)

Chers militants de la grande cause du vivant, ne vous découragez pas. Bien sûr, le pouvoir politique n’entend pas votre voix, celle de 80% des Français, la voix de la compassion. La corrida, exposition de la torture en spectacle, s’abrite derrière de petits personnages politiques hermétiques à l’empathie. Mais la question n’est pas de savoir si ce reliquat des jeux du cirque antique où mouraient des esclaves pour la jouissance de foules malsaines, disparaîtra.

Cette abolition est inéluctable et s’inscrit dans la marche de la civilisation. Le fumigène de l’art, de la tradition, de la culture ne dissimule pas les faits. La corrida n’est jamais que le tourment et la mort infligés à un herbivore. Le reste s’appelle impostures.

La question est celle du moment de cette abolition. Quand la démocratie s’imposera-t-elle enfin ? Quand les aspirations des citoyens seront-elles entendues par une classe politique fossilisée et gangrénée par les lobbies ? Quand aurons-nous des dirigeants, des législateurs dignes, éclairés, courageux pour affronter les conformismes lâches ?

Nous savons, humains d’aujourd’hui, que l’animal n’est pas une machine, mais qu’il est être de vie et de sensibilité. D’ailleurs, s’il n’y avait pas la souffrance au rendez-vous de la corrida, les sadiques ne jouiraient pas d’un spectacle dans lequel l’homme affronterait une machine.

La cruauté nauséabonde occupe les arènes sanglantes. Parce que le socle de toute éthique est de ne pas infliger à autrui ce que l’on refuserait pour soi-même, nous éprouvons un sombre malaise à la contemplation de cette minorité de nos contemporains qui paye pour voir mourir. Sans doute seraient-ils, ces amateurs de corrida, de ces spectateurs qui accouraient naguère aux exécutions capitales quand elles réjouissaient les foules, sur les places publiques.

Corrida : tu inspires le chagrin et la pitié.

Gérard Charollois
Convention Vie et Nature