Quatre organisateurs de corridas ont quitté le conseil d’administration de l’ANOET (Asociación Nacional de Organizadores de Espectáculos Taurinos) qui est présidée par Simon Casas. Il s’agit de Jean-Baptiste Jalabert (arènes d’Arles), Maximino Pérez, Alberto García et José María Garzón. « Le secteur est obsolète. Il doit y avoir une restructuration« .
Jalabert est déjà parti depuis quatre mois, Maximino Pérez, au début de la pandémie et José María Garzón et Alberto García le 14 mai 2020. Selon le Français, il s’agit d’un « désaccord générationnel« . Comprenez que ceux qui restent sont des ringards trop âgés pour « évoluer » (si on peut dire avec une activité pareille…) comme le souhaitent les démissionnaires. Le premier visé par les partants est Casas, qui est à la tête de ce qu’ils considèrent comme « la vieille garde« .
Jalabert enfonce le clou : « Si nous voulons nous concentrer sur l’avenir, l’âge compte. La génération compte bien sûr. Il faut s’identifier à la génération que l’on veut convaincre d’aller voir des corridas. Le relais générationnel doit atteindre tous les niveaux, y compris celui des entrepreneurs de corridas« . Il a été le premier à partir il y a quatre mois. « Il est temps de se restructurer, de se concentrer sur l’avenir. Je ne sais pas quels changements il y aura. Mais nous devons travailler différemment de ce qui a été fait au cours des 30 dernières années. Nous sommes tous coupables de la situation taurine face à cette crise, mais ceux qui s’encroûtent sont les plus à blâmer. «
Une alternative à l’ANOET pourrait voir le jour. « Je ne sais pas ce qui va se passer. Y aura-t-il du mouvement ? Sûrement. Ces départs peuvent apporter de nombreux changements dans un avenir proche. Je n’ai aucune information sur ce qu’ils seront. Je suis bloqué en France. Il n’y a pas de stratégie claire, du moins je ne le sais pas, vouloir continuer à faire des corridas, mais sûrement pas de cette façon. Je n’ai pas besoin de me cacher ou de me taire. Tout doit changer. La restructuration doit être globale. »
Pour dissiper les doutes, il précise qu’il n’a « pas l’intention de faire des corridas en Espagne : ma place est en France« . Maximino, empresario d’Illescas et de Cuenca, est d’accord avec Juan Bautista (surnom de Jalabert) sur la nécessité de changer. « Certaines pratiques sont devenues obsolètes. Vous ne pouvez pas attendre de voir les choses venir. Et ce qui est fait doit être dit. Je le dis pour mes entreprises qui ne font pas de corrida. La communication brille par son absence. C’est le principal problème. Nous sommes à 50 années-lumière du reste du monde« , explique-t-il. Ce n’est pourtant pas la raison de son départ, selon lui : « Ce sont des problèmes personnels. C’est une période difficile pour ma famille, je n’en pouvais plus des téléconférence de deux heures tous les jours » avec Simon Casas et compagnie.
Maximino pense qu’il y a beaucoup de choses à changer et que ce n’est pas possible au sein de l’ANOET. « Le secteur n’est pas trop dynamique. Il y a une distance avec les médias, ce sont tous des espions ou des suspects […] S’il y a un problème, il peut être corrigé.«
Alberto García et José María Garzón ont pris leur décision pratiquement en même temps. Leur cas est significatif : ils ont soutenu Simón Casas, par exemple, quand il a fait candidature pour reprendre les arènes de Bilbao. Contactés par El Mundo, aucun n’a voulu préciser ses raisons. « Je préfère ne rien dire maintenant. Voyons ce qui se passera plus tard. Je vais essayer de travailler par moi-même« , explique Alberto García, le dirigeant de Toroemoción qui ajoute : « Il est temps de s’unir. » Et quitter le conseil d’administration, c’est réaliser l’unité ? « Oui, mais bon, ce n’est pas pour ça. » Comprenne qui pourra… Garzón ajoute : « Il n’est pas pertinent de parler de mes raisons. Cela ne me semble pas approprié. »
Peu importe, en fait. Plus ils se déchirent entre eux, mieux c’est.
Source principale (en espagnol) : El Mundo
Adaptation en français : RL