Inoubliable, fantastique, exceptionnel, magnifique, extraordinaire… Difficile de choisir le qualificatif qui décrirait le mieux ce que nous avons vécu avec la grande manifestation anticorrida à Madrid le 27 mai 2018. Plusieurs médias de différents pays ont annoncé une participation de 40 000 personnes.
Onze associations unies pour réussir
L’organisation d’un événement d’une telle ampleur a nécessité un travail collaboratif de onze associations pendant cinq mois, dont huit espagnoles, une hollandaise, une américaine et une française, réunies en un collectif nommé Tauromaquia Es Violencia, quasiment le même dans sa composition que celui qui avait déjà organisé la première manifestation le 13 mai 2017, également à Madrid. Une équipe soudée, habitée par l’unique objectif de réussir cette journée, si cruciale pour le combat contre la tauromachie dans la plus symbolique des villes aux yeux du monde entier, la capitale de l’Espagne.
Nous étions en tout une quinzaine de personnes, à travailler tous les jours sans exception depuis début janvier, par l’intermédiaire d’un groupe Whatsapp, avec parfois jusqu’à 800 messages échangés en une journée, de tôt le matin à très tard le soir, le tout en espagnol, seule langue pratiquée pour des raisons évidentes d’efficacité. Tous unis pour faire reculer la barbarie. Un merci particulier à Idoia Allende, celle d’entre nous qui a assuré avec brio la lourde tâche de nous coordonner et de veiller à ce qu’aucun aspect ne soit laissé de côté sans avoir été totalement traité, du plus important au plus mineur. Pour ce faire, nous étions répartis entre différents sous-groupes thématiques (réseaux sociaux, logistique de la manifestation, design et impression de tracts, prises de contact avec les personnalités qui accepteraient de nous soutenir, financement, etc.), chacun d’entre nous pouvant intervenir dans plusieurs de ces sous-groupes en fonction de ce qu’il pouvait y apporter d’utile. No Corrida a participé à trois de ces sous-groupes.
Un aspect-clé de ce travail collectif était la discipline : chaque publication sur les réseaux, après avoir été préparée et mise au point, devait se faire ensuite le même jour à la même heure à partir des différentes pages Facebook, comptes Twitter et comptes Instagram de chacun des organisateurs, suivant un planning défini dès le début de nos échanges. L’expérience de la première manifestation organisée en 2017 nous a permis de gagner en efficacité. Cette cohérence a permis de démultiplier l’impact de nos annonces, depuis les pages ou comptes n’ayant que quelques milliers d’abonnés jusqu’à celles suivies par plus d’un demi-million de personnes.
A cela s’ajoutaient les messages envoyés par les personnalités qui nous ont soutenus – acteurs ou actrices, youtubers, bloggers, artistes divers, parlementaires. Un grand merci à nos soutiens français André-Joseph et Sandrine Bouglione, Aymeric Caron, Rémi Gaillard, Yolaine de la Bigne.
Quant à l’indispensable aspect financier sans lequel quasiment rien n’aurait été possible (tracts, affiches, scène, sono, batukada, etc.), il a été apporté par des structures de plusieurs pays, dont trois françaises – la FLAC, la SNDA, la Fondation Assistance aux Animaux, PETA, la League against cruel sports, le World Wide Animal Rescue – ainsi que par les associations organisatrices elles-mêmes, qui ont toutes contribué : Animal Guardians, AnimaNaturalis, Asociación de Veterinarios Abolicionistas de la Tauromaquia y del Maltrato Animal (AVATMA), CAS International, Colectivo Antitaurino y Animalista de Bizkaia (CAAB), Gladiadores por la Paz, No Corrida, Plataforma La Tortura no es Cultura, Stop Tauromaquia, Piztiak et le sanctuaire Animal Wings of Heart.
Déroulement de la manifestation
Performance en ouverture
Plusieurs dizaines de manifestants ont réalisé une performance spectaculaire, imaginée et supervisée par AnimaNaturalis. Des fausses banderilles ont été fabriquées dès le mois de février, constituées de tubes en carton remplis d’une poudre rouge symbolisant le sang des taureaux. Une fois en place, les manifestants concernés ont scandé « Tauromaquia es violencia » (la tauromachie c’est la violence) puis ont fait jaillir la poudre des banderilles en les ouvrant en deux. Un immense nuage rouge s’est formé au-dessus d’eux.
Les images réalisées à cette occasion (photos et vidéos) se sont retrouvées dans quasiment tous les médias qui ont parlé de la manifestation.
Déambulation
En 2017, la manifestation s’était terminée place Puerta del Sol. Cette année, c’est de là qu’elle est partie. Le lieu est en effet idéal pour accueillir des dizaines de milliers de personnes et permettre la réalisation de la performance qui nécessite pas mal de place. Une fois cette dernière terminée, le cortège s’est mis en place. Toutes les structures organisatrices avaient apporté leurs banderoles. Beaucoup d’autres aussi : rappelons que la manifestation a été officiellement soutenue par plus de 160 associations. Des centaines de petites pancartes portant des slogans anticorrida ont été distribuées à qui en voulait.
La batukada (ensemble de percussions, le même que l’an dernier) s’est mise en place derrière les premières banderoles. Le cortège s’est mis en route sur les rythmes qui ont électrisé la foule. En tête, une banderole « Tauromaquia es Violencia » était tenue par les représentants des organisateurs.
Le parcours n’a pas été simple à définir dans les semaines qui ont précédé le jour J : il y avait ce jour-là à Madrid plusieurs autres manifestations et il fallait éviter qu’elles se croisent. Quelques moments particuliers ont ponctué la déambulation :
- le passage devant une boucherie taurine, saluée comme il se doit ;
- l’arrêt devant l’Assemblée nationale avec deux groupes successifs : les organisateurs et les politiques ou personnalités qui étaient présents ;
- le parcours majestueux le long de l’immense Paseo del Prado ;
- l’intervention spontanée d’une pharmacienne sortie de son officine avec un panneau fait à la main sur lequel était écrit « No a la tauromaquia – Toros vivos » (« Non à la tauromachie – Taureaux vivants ) ; l’arrivée sur la place Reine Sofia.
Prises de paroles
Une scène avait été installée avec une sono. De part et d’autre, deux roll-ups : l’un portant les logos des sponsors financiers, l’autre ceux des associations organisatrices. Amanda Romero, activiste animaliste célèbre, et Roma Gallardo, youtuber très populaire en Espagne, étaient chargées des présentations des différents intervenants (les organisateurs et quelques élus) et des enchaînements. Les prises de paroles se sont enchaînées.
Lorsque le tour du président de No Corrida est arrivé, ce dernier a salué en français et en espagnol les Français qui avaient fait le voyage jusqu’à Madrid pour participer à ce grand événement, parmi lesquels des militants de trois associations : No Corrida bien sûr, le CRAC Europe et l’Alliance anticorrida. D’autres Français qui ne montraient aucune affiliation particulière étaient également présents. Nos amis espagnols ont été très sensibles à ce soutien venu d’outre-Pyrénées.
Impact dans les médias et sur les réseaux
Le retentissement médiatique de cette nouvelle grande manifestation unitaire anticorrida à Madrid s’annonce planétaire. Des dizaines de médias ont consacré des articles à l’événement, beaucoup en Espagne bien sûr, mais également dans d’autres pays (Grande-Bretagne, Belgique, Allemagne, Australie, etc.) Une revue de presse sera diffusée prochainement.
Tout aussi important, la manifestation a été la reine des réseaux sociaux pendant et juste après son déroulement. A l’heure où nous marchions le long du Paseo del Prado, le hashtag #TauromaquiaEsViolencia est devenu le plus utilisé de l’ensemble des comptes Twitter espagnols.
Par ailleurs, l’ensemble de la manifestation a été couvert par plusieurs photographes et vidéastes professionnels que nous avions sélectionnés plusieurs semaines à l’avance. Parmi eux, citons le génial Jaime Alekos, auteur du film Tauromaquia. Les photos et vidéos seront diffusées dès que possible.
Des articles, photos et vidéos complémentaires vont être mis en ligne dans les jours qui viennent. Tous nos sujets consacrés à cette manifestation peuvent être retrouvés sur notre site avec le lien suivant : http://nocorrida.com/tag/madrid-2018/