Le nouveau Parti socialiste des Asturies, qui a émergé d’un congrès tenu le weekend dernier à Oviedo (Espagne), a considérablement durci sa position sur les divertissements avec animaux en général et la corrida en particulier. Une série d’amendements figure dans un document politique qui montre « un rejet clair » des socialistes pour les corridas, qu’ils considèrent comme « dégradante » pour les animaux et que leur organisation doit œuvrer à abolir partout dans leur région autonome. Le sujet est particulièrement sensible à Gijón, qui en organise lors des fêtes traditionnelles de l’été.
Il faut noter qu’à ce stade, le document rédigé par le congrès socialiste n’est pas exécutif. Il reflète la nouvelle tendance au sein du parti, après 17 ans passés sous la direction de Javier Fernández, lors desquels aucun changement drastique n’avait été observé en dehors de se conformer à l’évolution de la société. Mais même si ce document n’a pas d’impact immédiat, il montre la doctrine que le PSOE prévoit de développer dans les années à venir, désormais sous la direction d’Adrian Barbón. Tout va dépendre de jusqu’où les réformes indiquées vont-elles être développées, si elles auront une majorité suffisante et dans quels termes exactement.
Quoi qu’il en soit, le virage dans la position socialiste sur les divertissements avec animaux, dont les corridas, est net. La présentation initiale au congrès était plus floue et ambiguë, se référant au besoin de développer des mesures et des lois « pour empêcher toute forme de maltraitance sur des animaux » et les mettant à l’abri de comportements cruels. Les amendements approuvés sont allés beaucoup plus loin en précisant qu’à terme, les corridas devrait être abolies.
L’un d’entre eux relève la volonté du PSOE d’éviter la célébration dans les Asturies de spectacles « qui sont basés sur la torture et la maltraitance animale », citant directement les corridas. De même, il est précisé que le financement de telles pratiques ne pourra plus s’appuyer sur des subventions publiques.
Un autre amendement, tout aussi direct, s’appuie sur un raisonnement plus profond. Il fait allusion aux mobilisations telles que celles qui ont eu lieu contre le Toro de la Vega ou la croissance lente mais continue de PACMA (le parti animaliste espagnol) et y voit la preuve que la société du 21e siècle « n’est pas en faveur de spectacles dégradants pour les animaux ». Les taureaux sont le principal élément de ce phénomène et le PSOE « doit se positionner sans équivoque ».
Le modèle des Baléares
Les socialistes asturians ont pris en exemple la loi promulguée par le gouvernement des Baléares qui empêche la mise à mort des taureaux lors de corridas, et ont mentionné de façon intentionnelle que le Partido Popular (droite) s’y était opposé et avait fait appel. Ils soutiennent ce processus et, aussi longtemps que la législation nationale n’aura pas changée, ils insistent sur la nécessité de montrer un rejet clair des corridas par le PSOE. Ils insistent également pour l’adoption de mesures à même d’empêcher les corridas et pour toute proposition ou initiative qui conduirait à leur abolition.
Le message du PSOE asturian est focalisé sur la corrida mais ne s’y limite pas. Un autre amendement stipule que le parti soutient la Déclaration Universelle des Droits des Animaux de l’Unesco. Il demande donc instamment que la législation « veille à ce que les animaux ne soient pas utilisés dans des spectacles pouvant conduire à la cruauté, à la mort, à la souffrance ou à un traitement anormal ou de harcèlement ».
Source (en espagnol) : El PSOE plantea abolir las corridas de toros (El Commercio)
Adaptation en français : RL