Les villes taurines plus endettées que la moyenne

Le ministère de l’Économie et des Finances propose en accès libre toutes sortes de données et de statistiques annuelles sur les communes de notre pays, en particulier leur niveau d’endettement. Afin de mieux apprécier son poids, il est également exprimé en endettement par habitant et comparé à la moyenne des communes équivalentes au niveau national.

Deux sympathisants anticorrida, Charlène et Léopold Bouat, ont rendu public en 2013 sur les réseaux sociaux une étude sur l’endettement des villes taurines. S’appuyant sur les chiffres officiels communiqués par le ministère, cette étude montre qu’une large majorité de ces villes sont plus endettées que la moyenne nationale, leur endettement pouvant aller jusqu’au quadruple de communes équivalentes. L’étude s’appuie sur les chiffres les plus récents disponibles, ceux de l’année 2011.

73% des villes taurines sont plus endettées que la moyenne

Pour chacune des 74 villes organisant des corridas en France, ont été relevés le nombre d’habitants, l’endettement absolu, l’endettement par habitant et la moyenne d’endettement de la strate. Afin de pouvoir comparer les données de ville en ville, leur endettement a aussi été exprimé en pourcentage par rapport à la moyenne de la strate. Voici par exemple les villes taurines situées dans les Landes :

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Comme on le voit, dans ce département, dix-neuf communes sur vingt-et-une ont un endettement supérieur à la moyenne. Les trois plus hautes marches du podium, c’est-à-dire les pires, sont Vieux Boucau, Hagetmau et Mugron qui culmine à 293% par rapport à sa strate nationale. Le record absolu est détenu par un autre département, celui des Pyrénées-Orientales, avec le village de Millas (411%). Dans deux départements, le surendettement concerne 100% des villes taurines.

Remarquons au passage que 58% des villes taurines ont moins de 5000 habitants et sont donc plutôt des gros villages, ce qui rend leur choix de maintenir les corridas encore plus discutable d’un simple point de vue économique. En fait, seules trois villes taurines françaises ont plus de 50000 habitants : Arles, Béziers et Nîmes, qui sont endettées respectivement à 153%, 133% et 138% par rapport à la moyenne des villes comparables. Quant à Bayonne, ville emblématique des aficionados dont les corridas ont causé un déficit abyssal de 400 000 euros en 2011, son endettement est de 142%.

Globalement, 73% des villes taurines ont un endettement supérieur à leur strate de référence et cet endettement est en moyenne égal à 146%.

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La corrida, source significative d’asphyxie économique

S’il n’est pas possible d’en déduire une relation directe de causalité, l’étude révèle une tendance largement partagée des municipalités concernées à mal gérer, à surdépenser, voire à dilapider l’argent public sur le dos des contribuables. Cette gabegie est d’autant plus inacceptable par temps de crise qu’elle amplifie des gouffres financiers que rien ne peut justifier. Tel est le cas des pratiques tauromachiques, qui n’intéressent plus qu’un public en voie rapide de raréfaction. Elles sont, en effet, de plus en plus réprouvées au niveau national et ringardisées par les nouvelles générations, y compris dans les douze départements taurins – partout ailleurs, c’est-à-dire sur la majeure partie du pays, elles sont interdites et réprimées par la loi 521-1 du Code pénal punissant les actes de cruauté envers les animaux.

Les corridas, qui sont, on le sait, généralement déficitaires en France, ne survivent que grâce à d’importantes subventions municipales ou européennes. Il n’est donc pas surprenant de voir confirmer, avec cette nouvelle étude, que leur maintien dans les 74 villes taurines de notre pays, loin d’alimenter leurs ressources comme le clament les aficionados en niant l’évidence criante de leur désaffection, ne fait que creuser le déficit de leur budget, année après année, et contribue ainsi directement et significativement à leur asphyxie économique.

Remerciements à Charlène et Léopold Bouat pour leur dossier complet. Infographie fournie par Charlène Bouat.