Arles, scène de crime pour les taureaux morts

Pour la dernière prestation en public de Jean-Baptiste Jalabert dans son rôle de tueur de taureaux en attendant de poursuivre son activité en tant qu’organisateur de spectacles de torture, nous étions présents, comme à chaque féria, pour un stand le matin couplé à un happening l’après-midi.

Jalabert, celui qui rit quand le taureau qu’il vient de torturer agonise

Concernant la partie stand d’information, plusieurs militants qui participaient ont été frappés par le nombre vraiment fréquent d’échanges sympathiques avec les gens de passage.

Nous n’avons eu aucun commentaire désobligeant ou grossier. Bien au contraire, une multitude de messages de soutien chaleureux venant d’habitants d’Arles comme de visiteurs venus de plus loin, voire d’autres pays (ils ont tous signé notre pétition, ce qui nous permet de connaître leur provenance géographique).

Le tableau qui en ressort est un motif de satisfaction : qu’il s’agisse de locaux, de Français venus d’autres départements ou d’étrangers (citons des Belges, des Italiens, des Anglais, des Américains, des Colombiens, des Espagnols, etc.), tous ont exprimé avec fermeté leur horreur face à la barbarie des corridas  dont beaucoup pensaient qu’elles n’existaient plus – et leur opinion fermement ancrée sur le fait qu’il faut l’abolir au plus vite.

L’indignation qu’ils ont exprimées était redoublée lorsque nous évoquions les écoles taurines où des gamins apprennent à torturer des génisses et des veaux pour devenir plus tard tortionnaires en titre.

Passons au véritable moment fort de l’action, le happening.

A l’habituelle haie de déshonneur silencieuse qui énerve tant les aficionados lorsqu’ils remontant en masse l’avenue où nous trouvons pour se rendre aux arènes, nous avons ajouté un symbole puissant de la culture de mort que représente la corrida : des corps allongés sur le sol avec du faux sang et des fausses banderilles, entourés de silhouettes de taureaux tracés à la craie façon scène de crime. Cette idée a été utilisée la première fois par nos partenaires d’AnimaNaturalis en Espagne à Pampelune. C’est avec les conseils bienveillants d’Aïda Gascon, la présidente de cette grande organisation, que nous avons repris et utilisé les silhouettes de taureau, reprises directement du tracé original utilisé à Pampelune.

Nous avons donc dessiné six taureaux au sol, six comme le nombre de taureaux massacrés lors de chaque corrida. Nous publierons par la suite un petit reportage photo sur la façon dont nous avons réalisé le pochoir permettant de projeter sur le bitume de la craie en bombe pour reproduire les silhouettes. Il s’agit d’une craie écologique qui part à l’eau et nous avons d’ailleurs tout nettoyé avant de repartir. Pour accentuer le symbole, nous avions également déployé un ruban autour des corps sur lequel était écrit « scène crime – accès interdit ». Une vidéo sera diffusée prochainement.

L’impact a été considérable. En particulier, les plus jeunes étaient fascinés et ont exprimé leur émotion sur le mode « c’est vrai qu’on leur fait ça » ou « pauvres animaux ». Rappelons que beaucoup se rendaient ensuite aux arènes voir l’horreur en vrai. Nul doute que l’image de notre scène de crime est venue se superposer à ce qu’ils ont vu, traînés là-bas par leurs parents amateurs de torture animale en public. Même certains aficionados adultes ont exprimé verbalement une certaine émotion, pas au point de changer d’avis bien sûr, mais tout de même.

Une réponse « extraordinaire » de cette grand-mère à sa petite fille qui lui demandait avec insistance:
– Mais qu’est-ce qu’ils font ? Pourquoi ils ont du sang ?
– Oh c’est rien, ils s’amusent !
Un jour, cette petite fille comprendra, se souviendra. Et racontera que cette scène l’a marquée.

Autre anecdote : un petit garçon de 8-10 ans s’est arrêté avec le regard marqué par la scène, sur le groupe au sol, au point que sa mère est venu lui demander « tu veux quand même y aller, hein ? » en le tirant par le bras…

Cette mise en scène aussi originale qu’efficace – et totalement pacifique – a réussi à convaincre des médias de venir nous voir alors que pour eux l’essentiel de l’actualité se déroulait dans l’arène. Il s’agit d’une équipe de France 3, pour la toute première fois, qui a longuement filmé les corps au sol dans les silhouettes de taureau et d’un journaliste de La Provence. Les deux ont interviewé Roger Lahana, président de No Corrida.

Seulement deux incidents à signaler : un monsieur qui n’avait rien à voir avec nous et a traversé la rue alors que des militants No Corrida étaient là près de lui s’est fait rouer de coups par un automobiliste très énervé (la police étant trop loin, c’est nous qui les avons séparés, un comble…) et, second incident, un homme très éméché qui nous a pris à partie de façon violente mais seulement verbale.

Nous remercions parmi les militants présents Thierry Hély, président de la FLAC, et Sophie Maffre-Baugé, présidente du COLBAC venue de l’Hérault avec d’autres membres de son association.

Impossible de citer tout le monde, nous étions plusieurs dizaines comme lors du happening précédent. Un merci particulier au groupe amené par Ghislaine Lecocq depuis le 06 et ses environs, ce qui fait une grosse distance pour pouvoir participer à cette action de quelques heures, alors que d’autres événements animalistes se tenaient le même jour beaucoup plus près de leur lieu de résidence. Un très grand merci à Dominique Arizmendi pour avoir assuré avec énergie la mobilisation et l’organisation autour de cette action. Et contrairement à ce que nous a lancé un aficionado dans l’après-midi, non, nous ne sommes pas de Lille ou de Paris (quand bien même, les Parisiens et les Lillois ont aussi le droit d’être anticorrida et le sont d’ailleurs très majoritairement, Arles n’est pas un territoire autonome hors de la juridiction française), mais nous sommes bien toutes et tous du sud-est de la France : Bouches-du-Rhône (dont plusieurs Arlésiens), Gard, Vaucluse, Var, Alpes Maritimes et Hérault. Enfin, merci à la police pour sa protection discrète et efficace.

RL