La Cour suprême de Castille et Leon a récemment approuvé le décret interdisant de tuer des bovins en public pendant les festivités traditionnelles en Castille et Leon, ce qui inclut la commune de Tordesillas et la pratique du Toro de la Vega. Cependant, les taureaux qui seront utilisés à l’avenir dans une version édulcorée devront être mis à mort en raison d’un règlement qui impose la mise à mort des animaux dans un délai de 48 heures après leur lâcher.
On peut donc légitimement considérer que la décision de la Cour suprême est une demi-mesure décevante, même s’il y a bien une avancée à interdire les piques et la mise à mort à coups de lances. Cela met fin au toro de la vega tel qu’il était pratiqué, mais n’empêche pas un autre forme de poursuite d’un taureau, suivie d’une mise à mort non publique.
L’espoir, très largement partagé en Espagne, est que cette restriction imposée par la Cour suprême va conduire graduellement à la disparition pure et simple de la pratique, les décérébrés qui pratiquaient le toro de la vega étant surtout excités par la souffrance et l’agonie de l’animal.
Quoi qu’il en soit, cela met le doigt sur le fait qu’en Espagne, le vrai combat n’est pas seulement contre la corrida mais contre toute la tauromachie dans son ensemble sans exception. Seule une abolition de la tauromachie mettrait enfin un terme aux souffrances injustifiables des taureaux lors des multiples variantes de tauromachie qui existent en Espagne. D’où le nom du collectif « Tauromaquia Es Violencia » qui rassemble la plupart des associations espagnoles et quelques autres hors d’Espagne (No Corrida en France, CAS International aux Pays-bas et Animal au Portugal). C’est ce collectif qui organise depuis 2016 une campagne annuelle d’opposition à la tauromachie, sous forme d’une cyberaction la première année et d’une grande manifestation en mai à Madrid les années suivantes (2017, 2018) : sa vraie cible, c’est la tauromachie sous toutes ses formes. Le slogan qui est scandé dans les rues n’est pas « corrida abolicion » mais bien « tauromaquia abolicion ».
Roger Lahana