Espagne, 09 Juillet 2019 – La Plateforme Defensa animal Extremeña, Animal Guardians et La Tortura No Es Cultura (La torture n’est pas la culture) exprimons notre stupeur et notre préoccupation devant la présentation de la nouvelle équipe gouvernementale du conseil provincial de Badajoz (Estrémadure, Espagne). Pour la législature 2019-23 ils ont décidé de réunir en une seule structure la Coopération internationale au développement et la tauromachie, avec comme responsable M. Ramon Ropero Mancera, conseiller délégué, en charge de cet étrange regroupement.
Ramon Ropero Mancera
Jusqu’à cette année, la tauromachie partageait un budget (http://economia.dip-badajoz.es/presupuestos) avec la promotion touristique, ce qui n’a pas de sens pour ceux d’entre nous qui sommes contre la tauromachie, dans et hors de l’Estrémadure. Mais nous sommes conscients que depuis septembre 2013, lorsque le Parti Populaire a obtenu que la tauromachie soit un patrimoine culturel dans l’État espagnol, notre seul moyen est le militantisme dans les rues et la dénonciation permanente devant les tribunaux de toutes les irrégularités commises lors des corridas, ainsi que la dénonciation sociale constante dans les médias.
C’est la raison pour laquelle nous considérons qu’il est notre devoir de souligner que l’union de la coopération internationale et de la tauromachie laisse augurer d’une utilisation dangereuse des fonds de la coopération, qui doit toujours avoir un caractère humanitaire et de développement et ne pas contrevenir aux traités internationaux.
Pour ceux qui ne connaissent pas M. Ramón Ropero Mancera, il suffira de dire que c’est le maire (socialiste) de Villafranca de los Barros qui a défendu l’installation d’une raffinerie de brut lourd dans la région de Tierra de Barros (Badajoz), une aberration environnementale qui nuirait économiquement à cette région où plus de 60% du vin et 40% de l’huile d’olive de la région sont produits. Un pari industriel qui aurait augmenté de manière exponentielle la consommation d’eau dans un bassin déficitaire en soi, les risques de déversement accidentel et l’augmentation systématique des émissions de gaz à effet de serre. Raisons pour lesquelles le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement a publié une résolution négative concernant le projet de raffinerie de Balboa en 2012.
Or, le Conseil provincial confère à cette personne aux valeurs contraires à la durabilité de la vie, le poste de délégué, dirigeant la gestion du budget de la coopération internationale et de la tauromachie.
Carmen Ibarlucea, présidente de la Plateforme La Tortura no es cultura, qui regroupe 47 organisations de protection des animaux en Espagne, déclare : « Nous sommes préoccupés parce que les fonds provenant de la coopération au développement devraient principalement servir à assurer aux communautés appauvris une vie décente, tout en préservant l’environnement, seule garantie pour assurer un avenir durable. Ces fonds sont détournés de leur objectif et servent à soutenir les activités des corridas dans notre pays ou les écoles de corrida en Amérique latine« .
Raquel Moreno, présidente de la Plateforme Defensa Animal extremeña, a déclaré : « Nous voulons rappeler à la société d’Estrémadure que les écoles de corrida contreviennent à la recommandation du Comité des Droits des Enfants de l’ONU qui exhorte notre pays à interdire aux enfants de moins de 18 ans l’accès et la participation à des spectacles de corrida, et aussi prévenir les effets néfastes de la violence de la corrida sur l’enfance et l’adolescence. Et nous ne pouvons pas permettre que des fonds de coopération soient utilisés pour violer les droits des enfants dans notre pays ou dans d’autres, où le CDE a formulé la même recommandation. Le Comité des droits de l’enfant (CDN) a déjà exhorté le Portugal (2014), la Colombie et le Mexique (2015), la France et le Pérou (2016), l’Équateur (2017) et l’Espagne (2018) à « protéger les enfants de la violence physique et mentale de la corrida« .
Pour sa part, Marta Esteban, directrice internationale d’Animal Guardians, une organisation qui œuvre pour la fin de la tauromachie dans les 8 pays où elle est encore légale, avertit : « Le manque de scrupules de la tauromachie semble n’avoir aucune limite. Nous surveillerons et, s’ils ne fournissent pas une ventilation transparente de l’utilisation des fonds destinés à cette région, nous dénoncerons le Conseil devant l’UDEF afin que celle-ci mène l’enquête pertinente. Ces fonds devraient être utilisés pour aider à créer de la santé, de l’éducation et des richesses durables pour ceux qui en ont le plus besoin et non pour promouvoir la violence envers les animaux entre adultes et mineurs, dans notre pays ou dans des pays où la violence est déjà un problème énorme.«
La coopération internationale est un ensemble d’actions dans lesquelles des efforts sont déployés de différents niveaux organisationnels afin d’atteindre des objectifs clairs qui peuvent être résumés en réduisant les inégalités socioéconomiques, grâce à une amélioration de la santé, de l’accès à une éducation de qualité pour les mineurs, la garantie de conditions environnementales propices au développement durable. Sachant que le Conseil provincial a signé le Programme de développement durable à l’horizon 2030, nous ne comprenons pas la relation entre la coopération internationale et la tauromachie et nous demandons au Conseil provincial de préciser quelle sera la gestion budgétaire de cette étrange combinaison thématique.
Pour plus d’informations :
Carmen Ibarlucea : +34 691 245 701 (espagnol, français)
Marta Esteban : +34 606 300 906 (espagnol, anglais)