Christophe André, célèbre psychiatre, conférencier, écrivain, spécialisé dans la psychologie cognitive et les bienfaits de la méditation, vient de s’engager aux côtés de 500 célébrités en faveur du « lundi vert« , démarche appelant à ne plus consommer de viande ni de poisson un jour par semaine, déjà suivie dans une quarantaine de pays dans le monde.
Christophe André est probablement l’un des psychiatres et écrivains les plus connus et les plus respectés en France. Auteur de nombreux ouvrages, il a beaucoup écrit sur la méditation. Ce thème de prédilection correspond chez lui à une pratique développée et approfondie au fil des années. Il a signé plusieurs livres avec Matthieu Ricard dont il est l’un de ses amis. Il a, grâce à cela, parcouru un chemin exemplaire vers un réel respect des animaux non humains. Le « gars du Sud-Ouest », comme il aime à se nommer, est ainsi devenu anticorrida.
Né à Montpellier, il a grandi à Toulouse et se dit profondément imprégné de la culture de cette région. En septembre 2014, sur France Inter, une journaliste le présente en ces termes : « En bon gars du Sud-Ouest, il aime le rugby, la corrida, la montagne, le surf et les filles ». Il est présenté en des termes analogues dans un portrait de lui que le JDD a dressé quelques mois auparavant. Stéphanie Lahana, éditrice militante de la cause animale et l’une de ses lectrices, écoute cette émission. Choquée par cette contradiction entre la bienveillance exprimée dans ses ouvrages et son attrait pour la tauromachie, elle lui envoie une lettre lui demandant s’il est toujours amateur de corridas ou si son évolution personnelle lui fait voir les choses différemment. Voici sa réponse de l’époque :
From: Christophe André
Date: mar. 7 oct. 2014 à 10:15
Chère Madame,
Je vous remercie de votre courrier, à propos de la présentation de « gars du Sud-Ouest » faite par une journaliste à mon propos.
Je suis très sensible à vos arguments et les partage depuis plusieurs années, grâce notamment à mes discussions avec Matthieu Ricard.
La présentation de la journaliste a été rajoutée après enregistrement de mes propos ; si elle l’avait dit devant moi, j’aurais corrigé. Quant au portrait du JDD, il évoquait justement ma jeunesse, mais plus mes positions actuelles.
Je publie d’ailleurs prochainement dans La Vie, dans le cadre d’un dossier sur le végétarisme, un article où j’explique pourquoi j’ai renoncé à la corrida et au foie gras (même si effectivement, ils représentent un pan de ma culture d’origine).
Bien cordialement.
Christophe André
De fait, dans une interview parue deux jours plus tard dans l’hebdomadaire La Vie, il précise : « Mes racines sont dans le Sud-Ouest. Autrement dit : j’aime le rugby, le cassoulet, la corrida, les randonnées et le foie gras. Ou plutôt, j’ai follement aimé tout cela (…) Pour la corrida, c’est difficile aussi : j’aimais beaucoup l’ambiance festive des arènes, les airs désuets de paso-doble, le courage des matadors, les frissons à la sortie du taureau, les discussions passionnées avec mes camarades sur telle ou telle passe technique. Mais si je continuais d’y aller, je n’oserai plus regarder Matthieu Ricard et mes amis bouddhistes dans les yeux. »
Dans une interview au magazine Psychologies parue début janvier 2019, il confirme son rejet de la corrida et explique comment il a vécu sa dernière corrida et la « plus grande honte de sa vie ». Les militants anticorrida y sont pour beaucoup, comme il le précise lui-même en racontant son passage à travers une haie de déshonneur organisée devant l’arène où il se rendait :
Un beau cheminement et une prise de conscience sincère en faveur des animaux pour cet homme remarquable, qui a mis au fil des années sa vie quotidienne en accord avec ses convictions et profite de sa notoriété et de son capital sympathie auprès du grand public pour le faire savoir largement. Il montre ainsi la voie : chacun peut évoluer dès lors qu’il se rend compte à quel point certaines pratiques envers les animaux sont cruelles, au point que cela devient insupportable pour lui et le pousse enfin à changer. Espérons que nombreux sont ceux qui le suivront.
Roger Lahana