Environ 100 000 personnes ont cessé d’aller voir des corridas en Andalousie. Le nombre de ces spectacles en 2017 a baissé de 47% par rapport à l’année précédente. Il s’est tenu 230 corridas dans cette région en 2007, il n’y en avait plus que 80 en 2015. Il en est de même pour les novilladas avec picadors (celles qui sont les plus déficitaires), qui sont passées de 102 en 2007 à 20 en 2015. Dans le même temps, l’affluence aux fêtes traditionnelles n’a pas diminué.
L’administration publique d’Andalousie veut continuer à soutenir ce qu’elle estime être une tradition à maintenir. Un décret sur les écoles taurines d’Andalousie spécifie qu’il faut « fournir la protection de la loi, encourager et protéger les fonctions essentielles pour la survie et travailler, pour la conservation des festivités taurines, à implanter et développer les écoles taurines« .
Mais la réalité est que de plus en plus de gens sont en faveur du bien-être animal et ne veulent plus assister à des spectacles du passé qui, s’ils n’étaient pas couverts par des exceptions explicitement citées par la loi, seraient illégaux en Andalousie en raison de la loi andalouse de protection animale numéro 11/2003 qui interdit « l’utilisation d’animaux dans des exhibitions, des cirques, des publicités, des festivités populaires et autres activités si cela implique de la souffrance, de la douleur ou des traitements non naturels« .
La corrida est vouée à disparaître, elle ne tient plus que grâce à des subventions. Les votes répétés au Parlement européen vont tous dans le sens d’une suppression de ces subventions. Quand l’Andalousie agira-t-elle ? La Junte a accordé plus d’un million d’euros aux écoles taurines ces dix dernières années, sans compter d’autres subventions camouflées dans différentes activités en lien avec la culture.
L’argument des emplois générés par la tauromachie ou les élevages ne tient plus depuis longtemps. Tout est mensonge, comme l’a clairement démontré AVATMA. Comment expliquer qu’en Espagne, alors qu’il y a eu 2000 corridas en moins, 3000 personnes de plus ont été embauchées, alors que seulement 8% de ces professionnels ont participé à plus d’un spectacle dans l’année ? Ou que 77% des élevages n’ont pas envoyé un seul animal aux arènes ?
La seule formule qui persiste en Andalousie est la retransmission, aux heures de grande écoute pour les enfants, de l’agonie et la mort de ces nobles animaux des mains de leurs tortionnaires. Novilladas, becerradas, corridas… toutes les formes sont représentées sur les chaînes télé de la région.
Heureusement, et malgré le soutien apporté par les institutions, la corrida prendra fin en raison du manque d’intérêt qu’elle suscite : 15% des novilleros sont âgés de plus de 45 ans. Et il est utile de rappeler que 84% des jeunes (entre 16 et 24 ans) ne se sentent pas fiers de vivre dans un pays où la corrida existe.
Alors que les arènes se vident, les cinémas sont pleins avec des films comme « Ferdinand », qui enseigne l’empathie et le respect pour les êtres vivants. Il suffit de voir les réactions à ce film du monde de la tauromachie pour savoir que s’ils l’avaient pu, ils l’auraient fait interdire dans notre pays.
Les librairies ferment, les bibliothèques attirent moins de monde, les troupes de théâtre meurent ou se battent pour survivre. Ne serait-il pas merveilleux de fermer toutes les arènes d’Andalousie en échange d’avoir plus de librairies, de théâtres et de concerts dans nos villes ? Ne serait-ce pas une réelle avancée si ces arènes devenaient de vrais centres consacrés à la culture, au savoir et à la liberté ?
L’Andalousie est le lieu de naissance de deux prix Nobel de littérature et de grands représentants de tous les domaines culturels. Que personne ne mette la tauromachie en exemple de la culture de notre terre, car cela serait manquer à la mémoire de ces personnes et de celles qui sont encore à venir.
Francisco Sánchez Molina
Co-porte-parole de EQUO Andalucía Verdes
Texte original (en espagnol) : El fin (de la tauromaquia) está cerca (Andaluciainformacion.es)
Adaptation en français : RL
Crédit photo : El Mundo