A l’occasion de l’investiture par Emmanuel Macron de Marie Sara dans le Gard, le grand public est en train de découvrir avec dégoût et effroi ce que la corrida de rejon, grande spécialité de la candidate, connue jusque-là pour avoir « charcuté jusqu’à la mort des centaines de taureaux« . On peut retrouver son parcours digne des pires films d’horreur (sauf que là, tout est vrai) dans un excellent article de Jean-Paul Richier, Scoop : Emmanuel Macron est aficionado, d’où est extraite la citation ci-dessus. Une bonne occasion de rappeler ce qu’est exactement le rejon.
Dans une pétition intitulée Non aux candidatures des traditions cruelles envers les animaux comme celle de Marie Sara, Jo Benchetrit le décrit ainsi :
Un rejon, c’est un pieu de métal. La terminologie est aussi abominable que leurs actes : le rejon de « châtiment ». Et le rejon de mort.
Les plaies béantes comme celles imposées par les toreros à cheval et leurs rejons, comme les pics des picadors, font saigner en détruisant les muscles du cou et parfois en s’enfonçant plus loin y compris dans les poumons, arrachant les chairs au passage, étouffant les suppliciés.
Le but est d’affaiblir l’innocente victime des forcenés devant un public de pervers impitoyables jouissant du mal fait aux taureaux ET aux chevaux éventrés. Hemingway disait que c’était amusant à voir, un cheval qui perdait ses tripes. […]
La barbarie envers les animaux n’est pas moins grave ni plus anecdotique, ni moins dégradante que celle envers les hommes. Elle en est juste le modèle. Il est impossible d’avoir confiance en quelqu’un qui ne veut pas savoir cette évidence. […]
Photo de Didier Mabillot, collection privée
Le texte de la pétition cite ensuite ce large extrait de l’article de Wikipedia consacré à la corrida de rejon :
Le « rejón de châtiment » est un javelot de bois de 160 centimètre de long qui se termine par un fer de 15 centimètres à double tranchant. Le fer est fixé à la hampe par une cheville pré- taillée en sorte qu’elle se sépare en deux parties au moment de la pose, libérant ainsi un drapeau qui sert de leurre.
Le « rejón de mort » («rejón de muerte ») est un javelot muni d’une lame d’épée qui remplace le fer du « rejón de châtiment ».
C’est le président qui décide le moment où le rejoneador peut se servir du rejón de mort. Le matador a alors cinq minutes pour réaliser la mise à mort. Si au bout de ces cinq minutes, le taureau est encore vivant, le cavalier doit descendre dans l’arène, et se servir de l’épée comme un matador à pied.
Un rejón de castigo est une lance qui a un drapeau sur sa pointe qui se révèle quand il entre en contact avec le corps du taureau. Comme avec les puyazos (jabs) d’une corrida standard, les rejones de castigo affaiblissent le taureau par une perte de sang pour permettre à la corrida d’évoluer à un stade plus lent.
Car il faut que l’agonie dure pour que les spectateurs jouissent de leur perversité immonde le plus longtemps possible, avant de s’envoyer en l’air honteusement au moment de la mise à mort de ruminants, longuement martyrisés par des tortionnaires professionnels qui travestissent leur sadisme compulsif par de pseudo-valeurs fallacieuses.
Pour rappel, Jo Benchetrit est également l’auteur de la pétition très remarquée demandant la destitution de Pedro Almodovar en tant que président du jury du festival de Cannes 2017, ce qui a conduit la FLAC à organiser une projection-débat d’un film anticorrida en plein festival pour marquer son indignation.
Les barbares ne sont pas seulement dans les arènes. Il serait rassurant de pouvoir se dire que tous les aficionados sont des arriérés aux capacités intellectuelles limitées. Mais la perversité n’a rien à voir avec l’intelligence ou le niveau culturel. Elle infecte tous les milieux, y compris ceux du cinéma ou de la politique. Raison de plus pour la combattre partout où elle s’incarne.
Roger Lahana
D’autres pétitions concernant l’investiture de Marie Sara circulent. On peut en trouver une liste en cliquant ici.