RCRC Corridas Nîmes épisode 3 : un soutien communal et intercommunal… qui plombe les finances publiques

Rapport de la Chambre régionale des comptes sur les corridas à Nîmes

Épisode 3 : un soutien communal et intercommunal… qui plombe les finances publiques

 

Après avoir mis en exergue l’intérêt décroissant de la population locale pour la torture tauromachique, puis l’absence totale de gestion saine et de transparence financière des deux principales associations de soutien à cette pratique, la Chambre régionale des comptes s’est intéressée aux rôles joués par la ville de Nîmes et la communauté d’agglomération Nîmes Métropole.

La Chambre a dans un premier temps rappelé que la ville de Nîmes a de nouveau adhéré à l’Union des Villes Taurines de France (UVTF) à partir de 2021, après en avoir été bannie en 2006 pour non-respect du règlement de cette instance.

Un règlement qui, selon l’UVTF elle-même, exige que les évènements liés à la tauromachie se déroulent dans le respect des traditions taurines, des normes de sécurité et de l’éthique de la tauromachie.

Ce qu’il faut traduire de la manière suivante : les séances de torture tauromachique organisées à Nîmes pendant plus de 15 ans ne présentaient ni une sécurité suffisante (pour le public, pour les intervenants, etc.) ni un niveau d’éthique suffisant (la corrida « éthique » aux yeux de l’UVTF étant d’ores et déjà une véritable boucherie, on vous laisse imaginer le niveau de torture qui était alors pratiquée avant, pendant et après le spectacle).

Cette réintégration impose dès lors à la ville de Nîmes la mise en place d’une commission taurine extra-municipale dont le rôle est de vérifier le respect du règlement de l’UVTF.

Si le conseil municipal nîmois a mis en place cette commission, la Chambre régionale des comptes souligne que les comptes-rendus de celle-ci ne font que très peu état des contrôles réalisés  ou de la veille théoriquement effectuée afin de s’assurer du respect du règlement.

Et pour cause : on retrouve majoritairement dans cette commission des individus faisant partie des clubs taurins et associations taurines locaux subventionnés par la commune.

L’art d’être juge et partie, où il ne faudrait surtout pas dénoncer les dysfonctionnements qui pourraient remettre en cause les subventions octroyées.

« Certes, tout cela n’est pas parfait, mais de quoi vous plaignez-vous puisque, comme le souligne la Chambre régionale des comptes, la corrida rapporte de l’argent à la ville ? »

C’est ce que serait tenté de nous rétorquer chaque défenseur de cette pratique sanguinaire et anachronique.

Car, en effet, La Chambre régionale des comptes n’hésite pas à titrer l’un de ses paragraphes « Des conditions financières du contrat très favorables à la commune ».

Et d’expliquer que, face aux dépenses municipales consacrées sur la période 2019-2023 à l’organisation des spectacles tauromachiques (266 000 €) et à la promotion de la tauromachie (198 000 €), une redevance de 601 000 € est entrée dans les caisses de la ville.

Soit un gain net de 137 000 €.

Mais si l’on veut être exhaustif côté finances, il faut également prendre en compte l’argent public distribué par la communauté d’agglomération.

Ce que fait d’ailleurs la Chambre régionale des comptes quelques dizaines de pages plus loin, où l’on apprend que sur la même période, Nîmes Métropole a distribué de son côté 477 000 €, dont 134 000 € d’achats de place (distribuées gratuitement par la suite, histoire d’afficher des gradins moins clairsemés).

Si l’on prend donc le financement public dans sa globalité, la corrida a coûté 340 000 € en 4 ans au contribuable gardois.

Et l’addition aurait pu être encore plus lourde de 77 000 € si, à l’époque, l’opposition politique municipale en place n’avait pas été vigilante.

Petit rappel des faits : la délégation de service public signée avec la société de Simon Casas prévoyait une indemnisation de cette dernière en cas d’évènement exceptionnel empêchant la tenue de corridas. Ce qui fut le cas en 2020 avec la pandémie de Covid-19.

Ni une, ni deux, Jean-Paul Fournier et son conseil municipal octroyaient à leur ami Casas une indemnisation de plus de 201 000 €. Sauf que, lorsque l’opposition a demandé à voir les justificatifs appuyant cette somme, seuls 124 000 € devaient être compensés. Un tour de passe-passe de Fournier et sa clique qui s’apparente ni plus ni moins à une tentative de détournement d’argent public.

Laxisme et magouilles : la municipalité de Nîmes n’a rien à envier aux associations tauromachiques qu’elle arrose. Et encore moins, comme nous le verrons dans le prochain épisode, à son délégataire en titre.

David Joly

Trésorier No Corrida