Rapport de la Chambre régionale des comptes sur les corridas à Nîmes
Épisode 1 : une culture incontournable… contournée par les citoyens
Comme indiqué en introduction, et avant d’avancer tout chiffrage financier lié à la corrida, la Chambre régionale des comptes prend soin dans un premier temps de sortir la brosse à reluire et n’hésite pas à qualifier la corrida nîmoise comme une activité étroitement liée à l’identité taurine du territoire.
À lire ces lignes, tout un chacun a l’impression que cette pratique est ancrée comme jamais sur le territoire nîmois, qu’une très grande partie de la population y adhère depuis la nuit des temps et que des masses de touristes se déplacent avant tout pour venir admirer cette pratique.
Après tout, c’est ce que nous rabâche aux oreilles à longueur de temps nombre de défenseurs de la torture tauromachique : sans corrida, plus de spectacle, plus de culture, plus de férias, plus de touristes, des arènes vides, une économie qui s’effondre, et bla bla bla…
Cependant, la Chambre régionale des comptes prend soin de préciser immédiatement que la corrida nîmoise repose sur un petit nombre d’acteurs.
Comment ça ? Parmi ces foules ultra-passionnées, on ne trouverait que quelques individus prêts à s’engager pour défendre leur culture ? Passionnés, mais tout aussi ingrats alors…
Au final, qu’est-ce qui attire donc la population locale et les touristes aux arènes ? Pour le savoir, il n’y a rien de plus simple : recenser les visiteurs des arènes selon ce qui les y a fait venir.
Et ça tombe bien, parce que c’est justement ce que la Chambre régionale des comptes a réalisé.
C’est ainsi qu’elle a comptabilisé 2 519 175 personnes ayant fréquenté les arènes sur la période 2019-2023.
Sur ce total, 1 502 442 individus (59,6 %) se sont simplement adonnés à une visite des arènes, ayant pour seul objectif d’admirer cette prouesse architecturale.
Ce sont donc 1 016 733 individus qui y sont venus pour assister à un spectacle. Et parmi ces derniers, 284 346 ont assisté à une corrida.
Sur l’ensemble de la fréquentation qu’ont connue les arènes sur la période 2019-2023, seuls 11,3 % des visiteurs sont venus spécialement pour assister à une séance de torture.
Et encore : comme le souligne la Chambre régionales des comptes (nous y reviendrons ultérieurement), nombre de ces entrées sont obtenues parce qu’au même moment se tient une féria au sein de la ville, et donc une manne de touristes dont certains se rendent à une corrida sans vraiment savoir ce qu’ils vont y trouver (et nombre d’entre eux en ressortent très vite, estomaqués par le spectacle barbare et sanguinolent qui se déroule sous leurs yeux).
Comme pratique et culture partagées, on a connu mieux…
David Joly
Trésorier No Corrida