Il y a déjà longtemps que différentes tentatives législatives ont eu lieu au Portugal pour interdire ou restreindre l’accès des corridas aux mineurs. Un décret en ce sens avait même été rendu public fin 2021. Le gouvernement vient de mettre un coup d’arrêt à cette avancée en annulant le décret.
Rappel historique
Au Portugal, les corridas sont en théorie interdites aux enfants de moins de 12 ans, mais dans les faits il existe une tolérance pour les enfants dès l’âge de 3 ans s’ils sont accompagnés d’un parent. L’association portugaise Animal a lancé en 2018 une grande pétition pour demander aux députés de voter une interdiction stricte pour les mineurs, voire une abolition des corridas (appelées touradas au Portugal), mais le vote avait abouti à un rejet de cette interdiction, en raison notamment de l’opposition des communistes qui ne voulaient pas toucher à ce qu’ils considèrent comme une tradition à préserver.
Le 5 novembre 2020, le média protaurin ABC s’inquiétait d’une nouvelle offensive législative anticorrida. Le gouvernement socialiste avait annoncé l’entrée en vigueur du décret pour le début de l’année suivante et avait reçu le soutien du Parti animaliste portugais. De plus, le parti d’extrême-gauche Bloco de Esquerda, fermement anticorrida, avait l’intention de soumettre une proposition allant dans le même sens.
Le résultat a été le décret interdisant aux moins de 16 ans d’accéder à une corrida, théoriquement en vigueur depuis octobre 2021. Mais dans les faits, ce décret n’a jamais été respecté.
Un jeu de dupes
Notre partenaire Rita Silva, présidente de l’association Animal et membre du Comité d’honneur de No Corrida depuis sa création, nous a transmis son analyse suite à l’annonce du rejet du décret. Pour elle, il s’est clairement agi d’un jeu de dupes.
« Ce décret a été un cadeau empoisonné avant la chute du gouvernement précédent. Il n’a jamais été officialisé. Plusieurs mois plus tard, le parti politique Bloco de Esquerda a publiquement dénoncé que le décret était remisé aux oubliettes. A l’époque, le nouveau ministre de la culture a déclaré que ce n’était pas une priorité. La suite était largement prévisible. Le décret est remonté jusqu’au Président de la République, qui est un procorrida notoire et qui vient donc de l’annuler. »