Le collège Alpilles Durance de la commune de Rognonas (13), établissement privé catholique sous contrat avec l’État, a une chorale d’élèves. A l’occasion de la « Feria du Riz » d’Arles, cette chorale de collégiens, sous la direction de sa professeure, doit chanter le 12 septembre lors d’une corrida dite « goyesque » (avec décorations et musiques particulières). Dix jours après la rentrée, ces jeunes chanteurs de 11 à 15 ans accompagneront donc la violence, la souffrance, et la mort infligées à des animaux en public.
Sur les pages de son site, le collège Alpilles Durance se présente comme un établissement dont la pratique pédagogique se fonde sur des « activités permettant l’épanouissement de la personne« , qui invite les jeunes « à réfléchir sur les engagements qu’ils prendront durant leur vie d’adolescent puis d’adulte« , qui vise à « faire grandir la personne dans le monde d’aujourd’hui et de demain« , et proclame : « la meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de le créer, tous ensemble !«
Pourtant, la tauromachie sanglante est un sujet extrêmement contesté, polémique et clivant. Le collège Alpilles Durance veut-il créer des tensions néfastes entre les enseignants, entre les parents d’élèves, entre les élèves ?
Pourtant, des psychiatres et des psychologues réclament qu’on éloigne les enfants de la violence de la tauromachie, tant pour préserver leur équilibre psychique que pour ne pas légitimer une violence gratuite. Le collège Alpilles Durance veut-il déstabiliser certains de ses jeunes élèves ?
Pourtant, le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU, en charge de vérifier l’application de la Convention internationale des droits de l’enfant, a expressément recommandé aux pays où se pratiquent des corridas, dont la France, d’en tenir les mineurs à l’écart en raison de leur violence. Le collège Alpilles Durance, et le diocèse d’Aix dont il est sous la tutelle, veulent-il prendre le risque de réveiller les préoccupations suscitées par les abus de mineurs de la part de personnes et d’institutions placées sous l’autorité du Vatican ?
Par souci de clarté, en collaboration avec le Dr Jean-Paul Richier représentant le collectif PROTEC, nous avons contacté le directeur du collège ainsi que les instances diocésaines.
Le directeur du collège nous a répondu le 2 septembre 2021 que cette action allait se dérouler « dans une sphère totalement privée, et non sous couvert de notre établissement » et que « le nom de notre établissement n’apparaitra pas en tant qu’organisateur ni en tant que participant à cette action. »
Ignore-t-il vraiment que les arènes d’Arles mentionnent explicitement sur leur site la présence de la chorale du collège et sa professeure (ici et ici).
Il nous dit par ailleurs que cette action s’inscrit « en lien avec l’équipe des organisateurs des arènes d’Arles qui travaille en lien avec l’éducation nationale« . Devant cette affirmation surprenante, nous lui avons demandé les coordonnées des responsables de l’éducation nationale censés travailler en lien avec les organisateurs des arènes d’Arles !
Il nous dit aussi que cette action s’inscrit en lien avec « un responsable de l’observatoire des manifestations taurines« . Fait-il référence à l’association consacrée au prosélytisme de la tauromachie espagnole, qui s’intitule pompeusement « Observatoire national des cultures taurines » ? Nous lui avons demandé des précisions.
Sabrina Djordjievska – Cazarrata
Dominique Arizmendi – No Corrida
Philippe Bricault – Médiateur
Jean-Paul Richier – médecin psychiatre – Protégeons les enfants des corridas
● Vous pouvez protester en contactant le directeur du collège, M. Jean-Fred Olivar, ainsi que M. Sébastien Dey, directeur interdiocésain de l’Enseignement Catholique Aix-Digne-Gap (qui vient de prendre ses fonctions) :
- Jean-Fred Olivar : directeur@alpilles-durance.org
- Sébastien Dey : ddec-aix@sidecad.com
Exemple de message :
Monsieur le directeur,
La participation de la chorale du collège Alpilles Durance de Rognonas à la corrida « goyesque » d’Arles le 12 septembre est indigne d’un établissement scolaire.
Cette initiative peut gravement choquer certains enfants, y compris si les familles ont donné leur accord. Et elle peut légitimer auprès d’êtres en construction la violence et les actes de cruauté envers les animaux sensibles.
Nous vous demandons de l’annuler.
Avec nos sincères salutations.