Mardi 23 mars 2021, à l’occasion d’un shooting photo devant les arènes d’Arles, en vue de la réalisation d’une affiche pour la Cocarde d’Or (juillet 2021), trois taureaux de race Camargue se sont échappés. Le photographe avait eu pour projet de les photographier avec des raseteurs en pleine action et surtout, en plein centre-ville sans aucune mesure de sécurité sérieuse.
La photo publiée par La Provence montre à quel point le barriérage était dérisoire
Si deux des animaux ont été rapidement rattrapés, le troisième s’est jeté dans le Rhône à la hauteur de la gare SNCF, pour rejoindre à la nage le quartier de Trinquetaille, où il a été récupéré par les gardians, assistés de la police nationale, de la police municipale et des services de secours.
Dans sa course, l’animal a heurté une dame de 70 ans qui faisait son jogging. Elle a été transportée à l’hôpital Joseph-Imbert, sérieusement blessée, puis transférée à Nîmes en raison de la gravité de ses blessures. Elle a plusieurs fractures au bassin, à la clavicule et un rein touché. Elle a dû être opérée. Plusieurs autres passants ont évité le taureau de justesse.
Comment un incident aussi grave a-t-il pu se produire ? Ce qui frappe dans cette histoire qui aurait pu se terminer encore plus mal, c’est l’inconscience et l’irresponsabilité des organisateurs et de la municipalité. En effet, les trois taureaux étaient surveillés par seulement trois manadiers, avec un barriérage dérisoire de un mètre de haut, très insuffisant pour retenir ces animaux qui sautent sans difficulté deux fois plus haut.
De nombreux Arlésiens se sont interrogés sur les réseaux sociaux face à une telle inconscience. Pas un mot de compassion ni d’empathie pour la dame blessée, ni de la part du maire ni de son adjointe en charge de la sécurité, ancienne reine d’Arles à cheval.
Qui a bien pu autoriser ce shooting-photo sans aucun respect des normes de sécurité sur le parvis des arènes ? Selon nos renseignements, ce ne sont ni la sous-préfecture, ni la police. Est-ce la mairie seule ? Et sur quelle base l’autorisation a-t-elle été donnée ?
Pour tous les lâchers de taureaux en ville, la population est avertie à l’avance et sur place un haut-parleur met en garde les passants en quatre langues, avec en plus une bombe qui retentit au début et à la fin. Pour tous les lâchers de taureaux, de hautes barrières sont obligatoires pour délimiter le secteur où ils vont courir ainsi qu’une déclaration en préfecture. Mardi, il n’y avait ni déclaration en préfecture, ni barrières aux normes pour ce type d’événement. Qui a été le donneur d’ordre pour cette affiche ?
Lors de la dernière campagne électorale, pour l’équipe municipale, la sécurité semblait très importante au point de vouloir faire installer de très nombreuses caméras de vidéosurveillance pour la sécurité des Arlésiens. Et maintenant, ces mêmes Arlésiens ne peuvent plus sortir de chez eux sans risquer leur vie, heurtés ou chargés par un taureau affolé courant dans les rues ?
Deux des trois taureaux ont été rattrapés très vite, donnant lieu à des vidéos surréalistes de gardians à cheval poursuivant l’un d’entre eux dans les artères de la ville jusqu’à une impasse. Le troisième était tellement effrayé qu’il a choisi de traverser le Rhône à la nage, ce qui représente environ 500 mètres. C’est sur l’autre rive qu’il a renversé la joggeuse, probablement sidérée de voir débouler un taureau en liberté dans son quartier habituellement tranquille. Nous espérons qu’elle portera plainte, ce qui s’est passé est aussi ahurissant de stupidité de la part des responsables qu’inacceptable à tous points de vue.
Dominique Arizmendi et Roger Lahana