Ce samedi 13 février 2021, le COLBAC (Comité de Liaison Biterrois pour l’Abolition des Corridas, membre de la FLAC) organisait un happening devant les arènes de Béziers afin de réclamer, une nouvelle fois, l’interdiction de l’accès aux corridas pour les mineurs.
Rappelons dans ce cadre que le Conseil des droits de l’enfant de l’ONU avait préconisé en 2016 à la France d’interdire l’accès des corridas aux moins de 18 ans, soit en tant que participant, soit en tant que spectateur, ce dans le but de prévenir les effets néfastes de la corrida chez les enfants.
Cette recommandation a été délivrée à l’ensemble des pays où les corridas se tiennent encore de nos jours et auxquelles les mineurs ont accès (dont l’Espagne en 2018). Rappelons également que la France, en ayant signé la Convention des droits de l’enfant émanant de cette instance, a pris l’engagement moral d’appliquer les recommandations qui lui sont délivrées. Et pourtant, en 2021, l’accès des corridas aux mineurs est toujours autorisé. Et même encouragé par les instances tauromachiques.
En effet, les militants anticorrida présents devant les arènes samedi ont pu constater la présence de deux banderoles fixées de manière ostentatoire sur les murs extérieurs des arènes. Les slogans qui y sont lisibles ne laissent aucun doute sur l’identité des individus qui sont à l’origine de cette initiative : « Oui à la corrida pour tous ! » et, tenez-vous bien, « Oui à la corrida avec Maman et Papa » (démontrant qu’on peut être à la fois ridicule et abject).
Quand bien même il y aurait eu un doute, celui-ci est de toute façon levé du fait de la revendication de cet affichage par Hugues Bousquet, aficionado local, sur son blog.
L’histoire en resterait là si cette personne était un citoyen lambda.
Mais, officiellement, Hugues Bousquet est à ce jour vice-président de l’ONCT (Observatoire national des cultures taurines) qui se revendique comme structure officielle représentative du monde de la tauromachie, et dont le président, André Viard, nous a déjà gratifié de sorties verbales pour le moins originales.
Cet affichage revendiqué par une instance officielle de la torturomachie met en évidence deux choses.
La première, c’est que le vice-président de l’ONCT est un aussi « fin stratège » que son président. Quand bien même on s’avère être passionné par les séances de sévices graves et actes de cruauté qui se tiennent dans les arènes, un minimum de clairvoyance permet de s’apercevoir que défendre bec et ongles l’accès des mineurs aux corridas est suicidaire, puisque cela va à l’encontre de tout : des recommandations de l’ONU susmentionnées, de l’opinion publique, de l’air du temps. Il aurait été même judicieux stratégiquement d’acter cette recommandation, sur le mode « nous maintenons que la corrida est un art à préserver mais qui nécessite le recours à certains concepts et ressorts intellectuels que des enfants en bas âge ne maîtrisent pas, il est donc cohérent de ne pas les soumettre à ce spectacle qu’ils visualiseront au premier degré, et bla bla bla… ». Un début de légitimité, de par cette prise de position, serait peut-être né aux yeux de l’opinion publique.
Mais non (tant mieux), et c’est là la seconde leçon de cet épisode : ces tristes sires sont prêts à tous les sacrifices qu’ils estiment nécessaires, y compris celui de la santé mentale des enfants, pour ralentir le déclin de leur sadique plaisir.
C’est bien là la preuve qu’il est plus que temps de légiférer afin que les plus vulnérables d’entre nous, nos enfants, soient mis hors d’atteinte de ces dangereux personnages.
Quant à Hugues Bousquet qui n’a de cesse de traiter les anticorrida de « liberticides », il s’est réjoui ouvertement sur son blog et sa page Facebook de voir la banderole du COLBAC « Violence des corridas – protégeons les enfants » être décrochée par un comparse courageusement planqué derrière la grille d’entrée bien fermée des arènes. Les coupables piteux de ce méfait minable (et liberticide, donc) ont été identifiés par les forces de l’ordre.
David Joly et Roger Lahana
DJ est trésorier de No Corrida et de la FLAC, RL est président de No Corrida et secrétaire fédéral de la FLAC