L’article qui suit a été écrit par Luce Lapin et il est reproduit ici avec son amicale autorisation, tel qu’il figure sur son site Luce Lapin et Copains.
Avant tout, une bonne nouvelle du Portugal.
Le 28 avril, le PS António Luis Santos da Costa, Premier ministre, a réuni « […] les responsables des événements à forte fréquentation […] tels que les spectacles musicaux et sportifs ». Les représentants de la tauromachie, furieux : ils n’ont pas été invités. La corrida portugaise, toute aussi cruelle, descend de son piédestal. Cela s’appelle le progrès.
Sous prétexte de Covid-19 (infos spécial Covid), et, partant, d’annulation des corridas, les toreros pleurnichent. Et les organisateurs de corridas. Et les aficionados en général. Pas seulement en France : dans toute l’Europe, où perdure encore la corrida (pour rappel : également en Espagne et au Portugal). Ils ne font pas que se plaindre : ils exigent. De l’argent. Sans vergogne, les demandes de subventions pleuvent auprès des divers gouvernements.
En réaction, une campagne européenne contre les aides à la tauromachie a été initiée par l’association espagnole AnimaNaturalis. Avec 14,4 %de chômeurs, l’Espagne ferait bien de considérer quelles aides attribuer à qui… AnimaNaturalis a été rejointe par Animal (Portugal), le Comité Anti Stierenvechten (plus connu sous le nom de CAS international, Pays-Bas), la Fédération des luttes pour l’abolition des corridas (France), ainsi que No Corrida (France), d’où proviennent ces infos.
Pour nous, une réaction inédite du président de No Corrida, Roger Lahana :
« Cette campagne européenne imaginée par AnimaNaturalis est partie sur les chapeaux de roue dès son lancement lundi soir [4 mai]. En Espagne, il y a déjà 115 000 signatures (19 mai !) contre toute aide à la tauromachie car les vrais domaines culturels, comme le cinéma, la musique, les arts, sont autrement plus importants à sauver. Il est utile de rappeler que l’actuel gouvernement espagnol résulte de l’union entre le PSOE (Parti socialiste) et Unidos Podemos (extrême gauche animaliste qui a inscrit l’abolition de la corrida dans sa charte fondatrice). La plupart des ministres qui le composent sont anticorrida déclarés, à commencer par Pedro Sanchez (PSOE), chef du gouvernement, et Pablo Iglesias (Podemos), vice-Premier ministre. Il s’agit là d’une grande première depuis le retour de la démocratie en Espagne, les précédents gouvernements étant tous nettement procorrida. Un premier signal a été donné par la création en janvier 2020 d’une Direction du Bien-être animal, confiée à Sergio Garcia Torres, militant de la première heure de Podemos, très engagé contre la corrida.
Dès que le confinement a causé l’annulation en série de toutes les corridas en Espagne, comme ailleurs dans le monde, les lobbies procorrida ont compris qu’ils allaient avoir du mal à obtenir quoi que ce soit d’un tel gouvernement, alors même que la corrida est protégée par la Constitution dans ce pays et relève du ministère de la Culture. Un chroniqueur taurin a ainsi signé un article dans El Confidencial où il disait entre autres : “La raison accidentelle est l’impact que le coronavirus peut avoir sur les ferias exposées à la suspension. Le motif structurel est l’hostilité de la législature nouvellement inaugurée. […] La pression de Unidos Podemos et l’engagement anticorrida explicite du président Sánchez impliquent une action de harcèlement et de démolition, pas nécessairement avec des référendums et des interdictions, mais avec des restrictions économiques et des mesures réglementaires. » De fait, aucune des demandes d’aides formulées par les lobbies taurins n’a pour le moment reçu la moindre réponse, qu’il s’agisse du ministre de la Culture pour l’aspect « spectacles » ou de la ministre de l’Agriculture pour ce qui concerne les élevages d’animaux destinés aux corridas.
En France, le lobby taurin veut des facilités sur les élevages, une TVA à 0 % sur les corridas et des aides aux “intermittents” que sont les toreros alors que la corrida ne fait plus partie du patrimoine culturel depuis des années. Nous nous opposons énergiquement à tous ces aspects et nous irons jusqu’au Conseil de l’Europe s’il le faut. »
Pour soutenir cette campagne, signer la pétition adressée à Didier Guillaume.
ABOLITION !
Luce Lapin