La Fondation Toro de Lidia (FTL) et l’ANOET (Association nationale des organisateurs de spectacles taurins, présidée par Simon Casas) s’indignent de l’absence de mesures spécifiques pour la tauromachie dans les annonces récentes faites par le gouvernement espagnol. Ces deux organismes, au nom du secteur taurin dans son ensemble, ont envoyé des lettres au ministère de la Culture exigeant un traitement similaire à celui des autres industries culturelles en Espagne.
Victorino Martín, président de la FTL, déclare: « Nous ne voulons pas d’un traitement privilégié, mais nous ne voulons pas non plus être discriminés par rapport aux autres industries culturelles. Nous sommes un secteur qui a toujours donné beaucoup et reçu très peu. Nous exigeons un traitement équitable, ni plus ni moins, un traitement similaire à celui des autres industries culturelles et conforme à l’importance de la tauromachie en tant qu’expression culturelle en Espagne ».
La FTL a également souligné « l’absence totale de programmes de soutien spécifiques au secteur, conformes à ceux approuvés pour d’autres industries culturelles ». Le 2 mai, le secteur de la tauromachie a envoyé au ministère de la Culture un document contenant 37 mesures de soutien à la tauromachie, un document signé par toutes les associations professionnelles du monde de la tauromachie et plus d’une centaine de groupements civils de toute l’Espagne, qu’ils espèrent voir approuver par le ministère dans les prochaines semaines. La FTL a contacté de hauts responsables du ministère de la Culture, qui se sont engagés à continuer de progresser sur le document soumis, en apportant des solutions aux mesures proposées.
Pour sa part, l’ANOET a adressé au gouvernement la lettre suivante soulignant la discrimination à l’encontre du monde des taureaux : « L’absence de mesures de soutien au secteur taurin dans le décret royal 17/2020 du 5 mai approuvant des mesures de soutien au secteur culturel et de nature fiscale pour faire face à l’impact économique et social de COVID- 2019 constitue une décision d’omission aussi injuste qu’irresponsable. »
L’ANOET, en tant qu’association patronale des industries culturelles de la tauromachie et représentant du secteur de la tauromachie, a déclaré : « Nous exprimons notre plus grand mécontentement et inconfort face à une décision du ministère de la Culture, en tant que promoteur des mesures de soutien au secteur culturel, adoptées malgré les demandes qui vous ont été expressément adressées en tant que ministre du secteur taurin les 23 mars et 2 mai derniers. On ne peut concevoir quelles raisons propres ou de tierces parties auraient pu conduire le ministère à exclure des mesures de soutien au secteur culturel un secteur qui a subi, comme tous les autres, l’impact économique soudain découlant de la réduction de l’activité économique. et socialement sur une base temporaire, de la restriction de la mobilité et de l’arrêt d’activité provoquée par les mesures de confinement adoptées pendant la crise sanitaire.
Les corridas font également partie des espaces culturels paralysés mentionnés dans la R.D.L. 17/2020, et les professionnels de la tauromachie sont condamnés, comme tous les autres professionnels de la culture, à une perte drastique de revenus et à une situation critique, aggravée par leur condition d’activité saisonnière et, néanmoins, le gouvernement a décidé d’une proposition dans laquelle le ministère exclut par défaut le secteur taurin des mesures de soutien prévues pour le reste de ceux intégrés dans le secteur culturel .Pourquoi ?
La décision d’exclure la tauromachie des mesures de soutien approuvées est une décision extrêmement injuste et sectaire, car elle accorde un traitement inégal et préférentiel au reste des secteurs de la culture par rapport au secteur taurin, ce qui fait l’objet d’une discrimination en violation du principe de égalité inscrite à l’article 14 de la Constitution espagnole et une méconnaissance des obligations assumées par l’État espagnol par les lois 18/2013, du 12 novembre, pour la réglementation de la tauromachie en tant que patrimoine culturel, et 10/2015, du 26 mai , pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Le ministère de la Culture n’est-il pas au courant que la tauromachie fait partie du patrimoine culturel digne de protection sur l’ensemble du territoire national, conformément aux réglementations applicables et aux traités internationaux en la matière? Est-ce ainsi que le gouvernement entend garantir la conservation de la tauromachie et promouvoir son enrichissement, conformément aux dispositions de l’article 46 de la Constitution ?
Mais l’indignation qui nous submerge découle surtout de l’irresponsabilité d’une décision par omission qui est adoptée après avoir déclaré, dans l’exposé des motifs de la R.D.L. 17/2020, l’importance du secteur culturel dans l’ensemble du P.I.B. par référence à l’année 2017, en omettant que la contribution de l’industrie culturelle de la tauromachie au même P.I.B. cette année-là, elle était de 0,36% (4,5 milliards d’euros), soit la moitié de celle réalisée par les secteurs du livre et de la presse et de l’audiovisuel et du multimédia (dans laquelle elle affiche également son effet positif) et plus du double du celui des arts plastiques, des arts du spectacle et du patrimoine, des archives et des bibliothèques. Les secteurs font tous l’objet de mesures de soutien dans la R.D.L. 17/2020.
La contribution de la tauromachie à la richesse nationale mérite-t-elle moins d’attention et de protection que celles des autres secteurs culturels ? Le ministère ou le gouvernement ne se soucient-ils pas des droits des travailleurs, des professionnels et des employeurs du secteur taurin ou de leurs familles ? Monsieur le ministre, messieurs du gouvernement: si l’erreur est humaine, rectifier est divin. Vous rectifierez dans les meilleurs délais la décision injuste et irresponsable d’exclure le secteur taurin des mesures de soutien au secteur culturel approuvées, par son inclusion immédiate dans le texte de celui-ci dans les mêmes conditions prévues pour le reste des secteurs culturels. N’aggravez pas la situation délicate de la tauromachie, tombant dans la tentation de profiter de la circonstance tragique que nous traversons pour continuer à lui nuire.«
Source (en espagnol) : El Mundo
Adaptation en français : RL