C’est un communiqué fort réjouissant à plus d’un titre que vient de rendre public l’organisateur des novilladas de Samadet, la peña Al Violin, après un ratage total de sa dernière tentative d’attirer du monde sur les gradins d’une énième séance de torture dont les victimes ont été des veaux (pour eux, malheureusement, l’histoire se termine toujours de la même épouvantable manière).
Cette novillada se prétendait « caritative », un habillage grossier bien connu et utilisé plus d’une fois pour tenter de rendre respectable le supplice et l’agonie de ruminants qui n’ont rien vu de caritatif à leur sort horrible. Une pratique déjà ancienne puisqu’elle a valu à Simon Casas son premier redressement fiscal au début des années 90, c’est dire. Hé bien, non seulement ce spectacle de souffrance n’a intéressé quasiment personne, mais son odieux alibi humanitaire n’a pas attiré qui que ce soit de plus. Il faut dire que chez les amateurs de torture animale en nombre sans cesse décroissant, on ne voit pas comment la compassion pourrait être une motivation. Les derniers à vouloir à tout prix prendre leur dose de sang se moquent bien de contribuer à une cause autre que leur goût pour la torture.
Citons quelques extraits du communiqué : « fête gâchée par une très faible affluence », « nous ne sommes pas capables, non plus, de nous mobiliser pour une cause noble : le soutien d’enfants dans le besoin », « des manifestations dans les rues de n’importe quelle grande ville n’ont aucun sens si les petites arènes sont vides », « est-ce qu‘ aujourd’hui ces arènes ont encore leur place dans le paysage taurin ? »
On le voit, en dehors de rares mots hypocrites consacrés à l’alibi humanitaire, tout le reste de leurs jérémiades n’est consacré qu’à la seule chose qui les plombe : plus personne ne s’intéresse à leur obsession sinistre. La corrida coule, prenant l’eau de toutes parts. Quant à la solidarité entre aficionados, cela fait longtemps que l’on sait à quel point il s’agit d’un mythe totalement creux. « A l’heure où nous sommes de plus en plus attaqués, où une proposition de loi vise à interdire l’accès de nos arènes aux mineurs, nous ne sommes pas capables de nous mobiliser ». Voilà qui est parfaitement réaliste. On l’a vu plus d’une fois ces dernières semaines où, malgré les unes à répétition qui leur ont été offertes par des médias régionaux totalement sous contrôle du petit monde vieillissant de l’aficion, leurs maigres tentatives de mobilisation n’ont jamais dépassé quelques centaines de personnes dans des villes réputées pour être les plus importantes de l’aficion, à commencer par Nîmes et partout ailleurs.
Hé oui, les tortionnaires, votre monde s’effondre et désormais, des parlementaires soutenus par leur groupe majoritaire à l’Assemblée s’attaquent à tout ce qu’il y a de plus minable dans votre prétendue culture – votre obsession à vouloir contaminer des mineurs à la violence des arènes et des écoles de tauromachie, à ne pas hésiter à les forcer jusqu’à ce qu’ils soient conditionnés et à dévoyer leur comportement pour en faire de futurs adultes insensibles à la souffrance donnée en spectacle sous les prétextes les plus ineptes qui soient.
Mais ça ne marche plus. Même à Samadet, dans les Landes, le département où se trouvent le plus de communes de sang, cette corrida grimée sous le sobriquet de « festival », tellement plus inoffensif et festif, « est le dernier événement taurin, espagnol. Sa pérennité aujourd’hui, est remise en cause ». Quelle bonne nouvelle… Et, au passage, quelle intéressante confirmation venant d’aficionados que la corrida est une tradition espagnole et pas française, donc que même le prétendu aspect de « tradition locale ininterrompue » ne se justifie en rien dans notre pays.
Plus personne ne vient voir des veaux agoniser de façon odieuse, même si cela est supposé aider des enfants hospitalisés. Les spectateurs de tortures animales n’ont jamais eu aucune compassion face à la souffrance d’animaux, comment pourraient-ils en avoir pour celle subie par des humains ? Et peut-on imaginer ficelle plus grossière et écœurante qu’invoquer des enfants cancéreux pour tenter d’attirer du monde dans une arène ?
Oui, décidément, les enfants sont les premières victimes de ces pratiques barbares, sous tous les angles qu’il est possible d’imaginer. Vivement que la proposition de loi de Samantha Cazebonne soit votée, qu’on respire un peu après autant d’hypocrisie écœurante et de manipulation odieuse des plus jeunes depuis tant d’années.
Roger Lahana