La réplique de Sophie Maffre-Baugé à l’article du Midi Libre sur les écoles taurines

A l’attention de Monsieur Guilhem Richaud, Chef d’agence Midi libre – Béziers.

Monsieur,

Je me permets de vous contacter pour vous remercier du billet que vous avez écrit au sujet des écoles de tauromachie (Midi libre du 9 avril ; voir pièce jointe). Alors que les corridas se portent très mal autant en France qu’en Espagne, et que le nombre de spectateurs se réduit comme une peau de chagrin, vous plaidez en faveur de la formation des plus jeunes au sein des écoles taurines avec deux arguments très intéressants que je souhaite développer.

D’abord, vous rappelez que la justice vient de donner tort au CRAC Europe (Comité radicalement anti corrida). Ce dernier soutient que les activités des écoles taurines, où l’on apprend dès 13 ans à tuer un veau dans les règles de l’art taurin, mettent en danger les mineurs ; elles les inciteraient à commettre des actes de cruauté sur des animaux, ce qui est interdit par la loi. Pour défendre la présence des mineurs dans ces écoles, vous comparez l’apprentissage de la tauromachie à celui de la conduite automobile sportive et arguez que certains jeunes conduisent avant leur majorité et l’obtention du permis de conduire. Il est vrai que piloter une voiture, à fortiori une voiture de course, comporte des risques de sévices graves à un animal. Par exemple, écraser un chien, un chat ou un hérisson. L’agonie et la mort de l’animal percuté accidentellement sur la piste de Formule 1 est aussi cruelle que celle du veau piqué maladroitement à plusieurs reprises sur la piste des arènes. Les mineurs qui s’initient à cette conduite sont donc exposés à la violence et à la maltraitance animale comme les apprentis toreros. C’est une évidence !

Votre deuxième argument est tout aussi pertinent. Je vous cite: « Dans le fond, la corrida est autorisée donc il n’y a pas de raisons que la formation (même des mineurs) ne le soit pas. Tout simplement. » C’est, en effet, d’une logique implacable. Il faudrait d’ailleurs interroger le législateur qui a interdit la vente de boissons alcoolisées aux moins de 18 ans, l’entrée des casinos aux moins de 16 ans et les films violents aux moins de 12 ans. Dans le fond, cela n’a pas de sens puisque alcool, machines à sous, et thrillers sont autorisés ! De même, les films érotiques étant diffusés légalement (pas seulement dans onze départements mais dans toute la France…), on ne comprend pas bien pourquoi on devrait les interdire aux plus jeunes, à qui l’on pourrait tout simplement enseigner la pornographie.

Monsieur Richaud, je tiens à vous féliciter sincèrement : vous avez expliqué en quelques lignes géniales pourquoi les écoles taurines doivent rester ouvertes aux mineurs, et vous avez démontré avec brio qu’un rédacteur du Midi libre, surtout lorsqu’il est aficionado, est toujours plein d’objectivité et de bon sens !

Je partage donc avec plaisir ce mail amical avec l’ensemble de la rédaction biterroise du Midi libre.

Au plaisir de vous lire,

Sophie Maffre-Baugé,
Trésorière du COLBAC
(Comité de liaison biterrois pour l’abolition des corridas)