Pour ce premier stand de No Corrida et de la FLAC en Bretagne, malgré un froid glacial, ambiance très conviviale entre les différents intervenants du Village de Noël Vegan organisé par L214 à Lorient et prises de contacts sympathiques avec des militants locaux. Déjà, de nouvelles actions communes sont prévues dans la région. Quelques rencontres agréables avec les passants, certaines touchantes, et jamais agressives puisqu’ici les aficionados sont une population inexistante (les chasseurs et les éleveurs industriels nous suffisent).
Ainsi ce couple, au nom de famille espagnol. Lui est fils d’un Espagnol ayant fui le franquisme et qu’on surnommait « le torero » parce qu’il toréait, dit-il, sans armes et n’avait jamais tué le moindre taureau. La conversation a pris un tour plus sinistre quand il m’a dit avoir assisté à Malaga il y a cinquante ans à une corrida « formidable » avec El Cordobes. Il m’a expliqué que El Cordobes avait demandé que le taureau soit indemne de toute blessure au moment d’entrer dans l’arène et qu’il n’y ait ni picadors ni banderilles pendant la corrida. « Et ça se termine comment ? » lui demandé-je. « A la fin, il lui plante bien une épée dans le coeur et le taureau s’écroule net« . Devant mon visage fermé, il a ajouté « mais c’est une barbarie d’un autre âge« . Et lui et sa femme ont signé la pétition de la FLAC.
Cette maman, aussi, expliquant à ses enfants ce qui se déroule sur les photos exposées et le petit garçon qui se tourne vers moi d’un air incrédule en me demandant « mais… c’est du vrai sang ? » ou sa petite soeur qui est au bord des larmes.
Cette petite dame âgée portugaise qui m’explique que, quand elle retourne au Portugal, elle regarde les corridas à la télévision parce qu’elle « admire » le travail des chevaux mais qu’elle « ferme les yeux quand on pique le taureau » parce qu’elle trouve ça horrible. Elle se défend en me disant que le taureau n’est pas mis à mort dans l’arène. Je lui ai vite rappelé que sa mise à mort avait lieu dans les coulisses et que l’animal subissait les mêmes tortures qu’en Espagne. « Oui c’est vrai » m’a-t-elle répondu. Elle a regardé le bout de ses chaussures tristement et a dit « je vais signer votre pétition« , ce qu’elle a fait.
Outre la dimension de cruauté gratuite révoltante, l’argument fiscal fait mouche ici car cet aspect malsain des fonds de la PAC soutenant les élevages taurins est méconnu. J’ai maintes fois pu constater la surprise de mes interlocuteurs sur cet aspect peu médiatisé de la corrida.
D’autres stands vont être organisés dans les semaines qui viennent en Bretagne. L’information destinée au grand public sur la persistance des corridas en France est plus que jamais indispensable loin de la zone tauromachique.
Philippe Perrichon, No Corrida