Un article de Jean-Paul Richier
Almodovar est sans doute un cinéaste talentueux.
Il est aficionado. On ne peut pas demander aux artistes d’être parfaits.
Mais le problème est qu’il mêle sa passion pour la corrida à sa pratique cinématographique. Ainsi dans les films « Matador » (1986) et « Parle avec elle » (2002). Et là où les limites de l’acceptable sont clairement dépassées, c’est que pour « Parle avec elle », six taureaux avaient été charcutés pour de bon lors d’entraînements dans des arènes : quatre à Aranjuez (Communauté de Madrid) et deux à Brihuega (Communauté de Castille-La Manche).
Avant même la sortie du film, un mois après le tournage des scènes (juin 2001), l’association Amnistía Animal avait émis une plainte administrative devant la Direction générale de l’agriculture et le Département de l’environnement de la Communauté de Madrid, dont la loi de protection des animaux domestiques requiert que les maltraitances animales dans les films soient simulées. Lors de la sortie du film en mars 2002, quatre organisations avaient à leur tour émis une plainte devant la Direction générale de l’Agriculture de la Communauté de Madrid. Plaintes sans suite…
Ce choix d’Almodovar pour la présidence du jury est regrettable de la part de Pierre Lescure, le président du Festival de Cannes.
Il faut dire que les retransmissions de corridas par Canal, de 1985 à 2003, avaient été intégrées aux programmes sous la houlette de Pierre Lescure, cofondateur de la chaîne en 1984, directeur d’antenne, puis directeur général à partir de 1986, puis président de 1994 à 2002.
Mais depuis, la façon dont les corridas sont perçues a beaucoup évolué. Non seulement en France, mais dans les pays d’Europe et d’Amérique du Nord, sur-représentés dans la sélection du festival « international » de Cannes.
Jean-Paul Richier
A lire en complément sur le site : Almodovar ne doit pas présider le jury de Cannes