La Nouvelle Espagne était le nom donné au territoire gouverné par les Espagnols sur le continent américain de 1525 à 1821 (date de l’indépendance du Mexique). Elle comprenait la totalité de l’actuel Mexique, une large partie de l’Amérique centrale et plusieurs Etats actuels des USA (Californie, Arizona, Nouveau-Mexique et Texas). Elle était gérée par un vice-roi installé à Mexico.
Don Felix Berenguer de Marquina occupa cette fonction du 30 avril 1800 au 4 janvier 1803. Lorsqu’il arriva à Mexico, des fêtes de bienvenue furent organisées, avec entre autres un grand nombre de corridas prévues. Or, il détestait profondément ces spectacles cruels. Il décida donc de les interdire. Une foule envahit les rues pour protester contre cette décision. Le Conseil municipal ne put la contrôler et finit par autoriser une seule corrida. Le coût en était de 7000 pesos. Le vice-roi décida alors de payer cette somme de sa poche pour éviter qu’elle ait lieu.
Don Felix écrivit au précédent vice-roi : « La décision de m’avoir nommé à Mexico me cause beaucoup d’angoisse et de chagrin ».
Le vice-roi était aimé de tous. Il tomba un jour gravement malade, mais put rapidement se rétablir et tout le monde s’en réjouit. Pour fêter sa guérison, il fut décidé d’organiser… une corrida. Le vice-roi en fut horrifié et paya à nouveau tous les frais qu’aurait coûté cette corrida en échange de son annulation.
Au bout de deux ans en tant que vice-roi de la Nouvelle Espagne, il n’en pouvait plus et demanda à être relevé de ses fonctions. C’était le 12 janvier 1802, mais à ce moment se produisit dans la ville de Tepic une rébellion d’Indiens dont le chef se nommait Mariano. Ce dernier voulait chasser tous les Espagnols hors de la Nouvelle Espagne pour recréer l’empire aztèque. Le vice-roi réussit rapidement à maîtriser la rébellion. Mariano parvint à s’échapper et ne fut jamais retrouvé. Il n’y eut ni représailles, ni bain de sang.
Alors qu’une statue équestre du roi Carlos IV était presque terminée, la tête du cheval se détacha et tomba. Cela retarda encore le départ du vice-roi, qui tenait à ne rien laisser en suspens avant de partir. Il fallut renvoyer l’ensemble au sculpteur Tolsa à Valencia pour que la tête soit fondue à nouveau et remise en place. Don Felix refusa catégoriquement d’en faire l’inauguration en tant que vice-roi. Il craignait trop que cela soit l’occasion de nouvelles corridas.
Il finit par rentrer en Espagne en 1803 et termina sa vie à Alicante, sa ville natale, en 1826.
Source : Les vice-rois espagnols en Amérique, de José Montoro.
Merci à Nicole Sugier, présidente de la SNDA, pour nous avoir fourni ce document.