A quoi pense Juan Bautista ?

Les Arlésiens se mobilisent depuis des semaines contre le coronavirus, comme partout. Des producteurs, des commerçants livrent gratuitement à domicile jusque dans les nombreux hameaux et villages de la plus grande commune de France en superficie. Aux dires de certains, c’est une solidarité sans précédent. De grosses entreprises, des petites, des boulangers, des restaurateurs, des producteurs, etc. apportent des provisions et petits plats aux personnels soignants pour les remercier de leur dévouement et des risques qu’ils prennent. De ces soignants extrêmement fatigués, plusieurs ont été touchés par la maladie, faute de gants, de masques et l’hôpital réclame même depuis deux semaines aux entreprises, commerçants, particuliers, de l’aide, des médecins, infirmières, bénévoles, des masques, des surblouses, des gants, etc. De nombreux Arlésiens et citoyens du Pays d’Arles se sont mis à confectionner des masques, en suivant les instructions de l’hôpital de Grenoble, grâce aux réseaux sociaux en prenant sur leurs draps, torchons ; des entreprises leur ont offert des tissus, élastiques, fils… ; les particuliers qui ne savent pas coudre donnent aussi.

Et pendant ce temps… Juan Bautista pense aux pauvres toreros qui ne peuvent et qui ne pourront toréer, aux pauvres ganaderos qui voient leurs taureaux arrêtés. Même qu’il a quelques secondes d’empathie pour les pauvres bêtes « qui vont partir à l’abattoir ». Comme c’est malheureux de voir mourir des taureaux ! Pourtant une photo le montre en train de rire en regardant agoniser un taureau qu’il vient de toréer.

Pas un mot sur la dizaine de milliers de morts en Espagne. Il pleurniche sur son sort, ses pertes financières hypothétiques et contacte le maire et les candidats du deuxième tour, non pour offrir de l’aide financière, matérielle ou autre mais pour en réclamer encore plus, afin de combler ses futures pertes : comme l’aficion espagnole en Espagne ! Et ce, alors que 75 % des Français sont opposés à la corrida et que 100% vivent aujourd’hui dans l’angoisse de la maladie, de la perte d’un proche.

Enfin, histoire de faire plaisir aux aficionados qui seront privés du sang qui n’aura pas coulé à Pâques, il organise une « feria du confinement« – à ce propos, il n’arrive toujours pas à faire la différence entre feria et corrida : sur les réseaux sociaux des arènes, aux heures des corridas qui n’auront pu avoir lieu, il mettra « une sélection de faenas des dernières années« . Il pense ainsi rendre « le confinement plus léger » ; il est certain que voir des taureaux torturés, sanguinolents et massacrés va redonner le moral aux gens confinés. Certains préfèrent des films humoristiques ou magnifiques ; ce ne doit pas être dans les moeurs de ce monsieur.

En fin d’article, une petite phrase pour rendre tout de même hommage au personnel soignant et à ceux « qui font fonctionner le pays « . Il était temps, l’interview était terminée.

Dominique Arizmendi, administratrice de No Corrida